C’est un petit séisme dans le monde écologiste. Nicolas Hulot avait refusé plusieurs postes et têtes de ministère, que cela soit sous Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Il avait aussi renoncé à se présenter à la Présidentielle en 2007 au profit d’un pacte écologique signé par les principaux candidats. Il était ensuite entré dans la course à la Primaire écologiste en 2011, mais avait été battu à plate couture par Eva Joly.
Nicolas Hulot avait finalement accepté le poste bénévole d’envoyé spécial du président François Hollande pour la protection de la planète de décembre 2012 à fin janvier 2016. L’objectif était de mobiliser l’opinion internationale sur l’urgence de la crise écologique et de parvenir à un accord à la COP21. A 62 ans, il entre pour la première fois dans un gouvernement.
Nicolas Hulot, représentant des ONG
Emmanuel Macron a entendu les attentes des organisations environnementales. Dans une lettre ouverte datée du 9 mai dernier, 8 ONG environnementales, dont le WWF, la fondation Nicolas Hulot et France nature environnement, appelaient Emmanuel Macron à mettre en place un grand ministère de l’Environnement. A sa tête, elles demandaient un ministre d’État, « numéro deux dans l’ordre protocolaire ». En nommant Nicolas Hulot, Macron fait appel à une personne de la société civile, respectée dans le monde associatif. Dans l’ordre protocolaire, Nicolas Hulot est deuxième ministre d’Etat après Gérard Collomb, nommé ministre de l’Intérieur.
Nicolas Hulot aura notamment pour mission d’assurer l’application de la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Pour respecter la loi de transition énergétique et l’Accord de Paris, de nombreux défis restent à surmonter. Durant le quinquennat, il faudra aussi trancher plusieurs grands projets, critiqués par les associations environnementales : Notre-Dame des Landes, Cigéo, l’EPR de Flamanville.. Si Nicolas Hulot s’est fermement engagé contre ces projets, ce n’est pas la position d’Emmanuel Macron ni du premier ministre Édouard Philippe.
De futures oppositions entre Nicolas Hulot et Edouard Philippe ?
Edouard Philippe a été directeur des affaires publiques d’Areva entre 2007 et 2010. En tant que député, il s’était d’ailleurs opposé et avait voté contre la Loi Biodiversité et la Loi de transition énergétique pour la croissance verte. Comme l’ensemble des députés de droite. Il s’était aussi prononcé favorablement pour la réouverture du dossier gaz de schiste à l’Assemblée nationale. Cette nomination a été ouvertement critiquée par les ONG qui redoutaient que l’environnement soit relégué au second plan durant le prochain quinquennat.
L’entrée de Nicolas Hulot au gouvernement fera certainement taire les critiques de ces derniers jours. Par cette décision, Emmanuel Macron montre qu’il entend bien faire de la transition écologique l’une de ses priorités. Si celle-ci occupait une faible part dans son programme, elle était au coeur des projets de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon.
Ségolène Royal émue, continuera « le combat climatique»
Au micro de BFMTV, Ségolène Royal s’est montrée très émue. Elle reconnait l’implication de Nicolas Hulot et pense que « ce ministère sera entre de bonnes mains ». « Un travail formidable l’attend », juge-t-elle. Elle a néanmoins regretté ne pas pouvoir continuer son travail dans un autre ministère. A présent, elle fait part de son intention de créer son entreprise dans le domaine de la croissance verte et de la finance verte « pour passer des discours aux actes ». « Je vais continuer le combat climatique, parce que c’est l’engagement de toute une vie », prévient-elle.
Nicolas Hulot est farouchement opposé aux traités commerciaux transatlantiques, défend l’agriculture biologique et l’agroécologie. Il est opposé au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et adepte de la réduction du nucléaire au profit des énergies renouvelables.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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