En natation, la forme du geste et la technicité de celui-ci sont tout aussi importants que la force nécessaire pour l’effectuer. Pour comprendre avec précision comment ces derniers sont effectués par les athlètes de haut niveau, des ingénieurs de BMW se sont associés à Nathan Adrian, trois fois médaillé d’or en sprint nage libre.
« Jusqu’à présent, on comptait sur l’œil averti du coach pour corriger nos mouvements et ajuster l’entraînement, explique Nathan Adrian dans l’article consacré à cette expérience et publié dans Popular Science. Désormais, l’analyse de vidéos est devenue un outil indispensable et je m’entraîne avec des capteurs sur le corps. »
De l’automobile au bassin
Les ingénieurs ont contribué à optimiser l’appareillage (capteurs, vidéos, logiciel) en travaillant sur sa portabilité. L’outil tient dans une valise et est exclusivement développé pour l’équipe de natation des États-Unis. Habituellement, ces spécialistes de la prévention des accidents automobiles veillent à améliorer les systèmes de sécurité embarqués dans les véhicules du groupe BMW. C’est donc une collaboration d’un nouveau genre à laquelle ils participent : programmer un logiciel qui va traquer, avec une grande précision, le moindre mouvement des champions.
Un algorithme pour l’occasion
Concrètement, des électrodes positionnées sur le corps de Nathan Adrian enregistraient les données lorsqu’il nageait, associées à une capture vidéo haute vitesse. Ces dernières étaient interprétées par un algorithme spécialement conçu pour l’occasion. « Enregistrer et traduire ces données étaient un exploit pour l’équipe composée d’ingénieurs, de designers et de programmeurs, raconte Peter Falt, directeur consultant chez BMW en Californie. Cela leur a permis de travailler dans des conditions difficiles et inhabituelles : capter des mouvements très rapides exécutés sous l’eau. »
Un entraînement high-tech et sur-mesure
Les données ont ainsi été interprétées en 2D et ont permis de disséquer les mouvements jusqu’à révéler une éventuelle courbure imparfaite des orteils d’un nageur. Pour les participants, ils obtiennent un décryptage à un niveau insoupçonné. Le pied du nageur n’a ainsi plus aucun secret. Et l’équipe de natation américaine peut ainsi améliorer ses entraînements tant au niveau de l’intensité que de l’efficacité.
Focus sur le « dolphin kick »
Les analyses ont surtout permis de perfectionner le « dolphin kick », l’ondulation sous l’eau exécutée au départ de la course ou lors de la bascule en bout de couloir. Maintenant, les entraîneurs peuvent modéliser le « dolphin kick » notamment lorsqu’il est parfaitement exécuté par Nathan Adrian pour ensuite enseigner la technique en détails avec images à l’appui aux autres membres de l’équipe. « Cette technologie me permet de voir concrètement les différences d’angle de ma colonne vertébrale, précise le champion. Je peux ainsi comparer mes mouvements à ceux de mes adversaires. »
Pour les entraîneurs, l’outil est un atout majeur : il offre un système d’évaluation précis de la performance de chaque athlète. Les séances peuvent être ciblées selon les besoins de chacun et une stratégie peut être mise en place pour tenter de battre des records. L’équipe souhaiterait, dans un avenir plus ou moins proche, une technologie en temps réel qui filmerait, enregistrerait et analyserait les données et les enverrait sur une tablette en simultané du nageur qui nage dans le bassin, permettant à l’entraîneur de corriger les mouvements en direct.
Sophie Hoguin
Cet article se trouve dans le dossier :
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