En mars 2023, 75 % des niveaux des nappes étaient situés sous les normales. La France faisait face à une période de sécheresse hivernale après un été 2022 brûlant et record. À la fin du mois, le président de la République Emmanuel Macron présentait son Plan Eau pour améliorer la gestion de l’eau.
Un an plus tard, la situation est bien meilleure. Le Bulletin de situation des nappes d’eau souterraine au 1er avril 2024 du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qualifie l’état des nappes de « satisfaisant sur une grande partie du territoire », avec 58 % des niveaux au-dessus des normales. Seulement 27 % des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 15 % sont comparables à ces normales. Et la situation continue de s’améliorer, puisque « la recharge reste active sur la plupart des nappes », souligne le BRGM.
Petite ombre au tableau : la situation reste défavorable, « avec des niveaux bas à très bas » dans le sud Alsace et le littoral du Languedoc et du Roussillon. Sur ces nappes, la situation devrait « peu évoluer durant les prochaines semaines ». Mais « seules les nappes de l’ouest du pourtour méditerranéen (ouest Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales) conservent des niveaux plus bas qu’en mars 2023 », prévient le BRGM.
Pour les mois d’avril à juin, les prévisions saisonnières de Météo-France privilégient des températures plus élevées sur l’ensemble du territoire, mais aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations. La période de recharge 2023-2024 devrait toutefois « se terminer prochainement », au plus tard courant mai, sauf événement pluviométrique exceptionnel, informe le BRGM.
Une situation particulièrement bonne pour les nappes « réactives »
Pour expliquer la différence dans le rechargement des nappes, le BRGM rappelle quelques bases. « Les situations disparates s’expliquent essentiellement par l’intensité de la recharge 2023-2024 et par la réactivité de la nappe aux pluies infiltrées » explicite l’établissement public. En effet, les pluies s’infiltrent plus ou moins facilement dans les nappes.
Comme leur nom l’indique, les nappes « réactives » se rechargent rapidement lors de fortes pluies, mais réagissent fortement à la sécheresse. « Leur état de remplissage peut donc varier très rapidement au cours d’une même saison », résume le BRGM. C’est principalement sur ces types de nappes que l’état des nappes est « satisfaisant », bien qu’il y ait des « tendances hétérogènes », avertit l’organisation.
À l’opposé, les nappes dites « inertielles » ont un cycle plus long, qui peut être pluriannuel, et donc nécessiter « une longue période pour se recharger ou se vidanger ». En particulier, après des années de sécheresse, elles mettent longtemps à se recharger. « Il s’agit notamment des nappes du Bassin de l’Artois, du Bassin parisien, du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône qui implique un temps d’infiltration des pluies de plusieurs semaines », cite le BRGM.
Si la situation reste défavorable sur la nappe inertielle du Sundgau, les pluies de l’automne et de l’hiver ont permis aux nappes inertielles d’enregistrer de fortes remontées. « La recharge se poursuit en mars et les tendances sont généralement en hausse », observe le BRGM.
Des nappes à leur plus haut niveau avant l’été
Pour rappel, le niveau des nappes varie au cours de l’année. Il est au plus haut après l’hiver, après une période de recharge qui s’étend du début de l’automne au début du printemps. L’évaporation est alors limitée, puisque « la végétation est en sommeil », précise le BRGM. Mais « si l’hiver est sec, la recharge des nappes est très faible », ajoute l’agence publique. C’est ce qui s’est passé durant l’hiver 2022 – 2023.
Durant le reste de l’année, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. « Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange des nappes se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne », prévient le BRGM. Avant que le cycle ne recommence.
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