Le contrôle de la matière à l’échelle du nanomètre a permis de faire émerger les propriétés inconnues jusqu’alors de certains matériaux. Mais l’utilisation des nanomatériaux dans l’agroalimentaire, porteuse d’espoir, induit des problématiques sanitaires et environnementales.
Les nanoparticules sont utilisées depuis longtemps par le secteur agroalimentaire, soit parce qu’elles sont naturellement présentes dans certains aliments (le lait par exemple), soit en tant qu’additifs (c’est le cas de la sillice). Pour autant, les applications commerciales des nanotechnologies dans les aliments sont aujourd’hui rares. Notamment parce que les normes de mise sur le marché restent drastiques, en Europe en tout cas, comme le précise le ministère de l’agriculture : « Les denrées alimentaires nanoparticulaires ou contenant des nanoparticules sont considérées comme des nouveaux aliments, du fait que le procédé de production n’est pas couramment utilisé et qu’il entraîne des modifications significatives dans la structure des aliments. Ces denrées sont donc soumises aux exigences de la réglementation européenne relative aux nouveaux aliments et aux nouveaux ingrédients alimentaires (règlement (CE) n° 258/97 – remplacé par le règlement (UE) 2015/2283 en 2018). Ces denrées ne peuvent être mises sur le marché sans obtention d’une autorisation, autorisation donnée suite à une évaluation de ces denrées ».
Pour autant le potentiel pour l’alimentation est énorme. Les possibilités pour améliorer notre nutrition prouvées. Par exemple, on sait que le corps absorbe plus facilement les nutriments, vitamines, enzymes lorsqu’ils sont encapsulés. On imagine facilement à quel point la mise en place des ces technologies sur le marché révolutionnera notre façon de nous nourrir, et de nourrir la planète.
En ce qui concerne les emballages, la réglementation est différente: « Pour les matériaux au contact des denrées alimentaires, le règlement (CE) n°1935/2004 prévoit que tous les matériaux utilisés respectent le principe d’inertie. De plus, pour les matières plastiques en contact avec les denrées, la réglementation précédente est complétée par un règlement dédié (règlement (UE) N° 10/20111) qui prévoit des exigences supplémentaires. Les constituants des plastiques – dont les constituants nano- doivent être autorisés, et des limites de migrations vers l’aliment sont fixées ». Dans le cas des emballages, il y a nécessité de respecter un équilibre entre la toxicité du produit et sa vitesse de diffusion dans la nourriture. Classique. Mais les possibilités qu’offrent les nanotechnologies pour révolutionner le secteur de l’emballage font l’objet de recherches et des applications sont déjà sur le marché.
Les emballages «améliorés»
Aux Etats-Unis par exemple, certains fabricants de bière incorporent dans les matériaux des canettes des nanoparticules qui permettent à la fois d’empêcher que du gaz ne s’échappe de la canettes ou que de l’air n’y rentre. Cette technique permet de préserver la saveur de la bière qui fait la qualité du produit. On parle d’emballage amélioré.
On utilise également beaucoup les nanoparticules d’argile, qui présentent des propriétés – imperméabilité à l’air et à l’humidité – idéales pour améliorer la qualité des emballages et in fine la préservation des aliments. On évalue le “gain de perméabilité” de l’emballage à 75% quand on y ajoute des nanoparticules d’argile.
Question solidité, ce sont les nanotubes de carbone qui ont la côte. Ils renforcent la solidité de l’emballage en améliorant ses propriétés élastiques.
Les axes d’améliorations sont nombreux, mais on peut dégager trois tendances :
- L’amélioration de la solidité des emballages;
- Recherche de légèreté des emballages;
- Résistance à la chaleur, à l‘humidité et à l’air.
Aussi, ces innovations pourraient s’inscrire dans une démarche plus durable. En effet, une meilleure résistance des emballages permettrait d’en produire des plus fins, et donc d’économiser sur la matière première et sur les coûts de transport et de stockage. De plus, l’amélioration de la qualité des emballage permettrait de se passer des habituels processus de fabrication secondaires aujourd’hui utilisés, et qui sont très énergivores et polluants.
Cet article se trouve dans le dossier :
Nanotechnologies pour la santé: une intégration progressive
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