La dépendance au gaz russe, un héritage soviétique
L’histoire de l’Autriche avec le gaz russe commence dans les années 1960, lorsque le pays signe un accord gazier avec les Soviétiques en échange de sa non-adhésion à l’Espace économique européen (EEE).
Pendant des décennies, l’Autriche a ainsi bénéficié de liens privilégiés avec la Russie qui se sont notamment traduits par l’importation d’un gaz bon marché.
En 2018, le groupe pétrolier et gazier autrichien OMV a même renouvelé son contrat avec le russe Gazprom lui permettant d’assurer une livraison jusqu’en 2040. La position de l’Autriche vis-à-vis du gaz russe demeure donc plus que jamais incertaine puisque la part de gaz russe est passée de 80 % en février 2022 à 17 % en octobre 2022, avant de remonter à 50 % début 2023 pour finalement atteindre un record de 98 % en décembre 2023 !
Néanmoins, ces chiffres restent à relativiser, car d’un autre côté la consommation de gaz a fortement diminué en Autriche, passant de 100 TWh à 75 TWh en 2023.
Par ailleurs, consciente du besoin urgent de trouver des solutions alternatives au gaz russe, l’Autriche aurait lancé des forages exploratoires sur son sol, attisant la colère des écologistes.
Un mix électrique largement décarboné
79 % : c’est la part d’énergies renouvelables enregistrée en 2021 dans la production totale d’électricité autrichienne. Grâce à l’hydroélectricité, l’Autriche fait ainsi partie des champions d’Europe en matière de production d’électricité verte et figure en tête en matière de consommation d’électricité décarbonée.
En 2022, entre 54 % et 67 % de la production d’électricité autrichienne provenait de centrales hydroélectriques, ce qui est bien au-dessus de la moyenne mondiale qui avoisine les 16 %. Le pays compte pas moins de 130 centrales, plus de 3 100 barrages et exploite ainsi la quasi-totalité de ses cours d’eau en produisant une énergie décarbonée qui fait la fierté de l’Autriche.
En complément de cette électricité d’origine hydraulique, l’Autriche produit 11 % d’énergie éolienne et 6 % de photovoltaïque, ce qui est dans la moyenne européenne, mais très peu en comparaison avec d’autres pays d’Europe, puisqu’en 2021, le solaire et l’éolien représentaient 26 % de la production d’énergie en Italie et 40 % en Espagne. Mais le modèle à suivre reste l’Allemagne qui est classée comme 3e producteur mondial d’électricité éolienne, derrière la chine et les États-Unis et 5e producteur d’électricité photovoltaïque.
L’hydroélectricité, un atout incontestable, mais qui montre ses limites !
Comme le reste de l’Europe, l’Autriche n’échappe pas aux effets du changement climatique. Or, l’hydroélectricité dépend entièrement de la ressource en eau et plusieurs années de sécheresse ont rendu la situation critique. En 2022, année de tous les records en matière de chaleur, le pays a même été contraint, pour la première fois de son histoire, à importer de l’électricité.
Et ce n’est malheureusement qu’un cri d’alarme ! Les experts estiment qu’à court terme, le dérèglement climatique entraînera de nombreuses perturbations : débordement des barrages, puis diminution des volumes d’eau de fonte et enfin une accélération de l’évaporation des réservoirs.
L’Autriche n’a donc pas le choix : elle doit à tout prix diversifier sa production électrique. Le pays étant hostile au nucléaire, il va devoir développer fortement l’éolien et le solaire s’il veut atteindre les 100 % d’électricité décarbonée d’ici 2030, comme annoncé dans la nouvelle loi EAG. Selon les plans du gouvernement autrichien, le photovoltaïque devra fournir l’effort le plus important, en multipliant par huit les capacités solaires installées actuellement.
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