Les données satellitaires sont devenues essentielles depuis plusieurs années. Elles permettent de coordonner les interventions des secours en cas de catastrophes, de surveiller l’évolution de la déforestation et de façon plus générale des effets du réchauffement climatique.
De nombreux États exploitent aussi ces informations à des fins de sécurité nationale, par exemple pour suivre les exercices militaires ou les mouvements de troupes de certains pays. Mais les entreprises sont également de plus en plus demandeuses de ces images satellites, associées à d’autres données géospatiales, pour optimiser les récoltes, mais aussi les chaînes d’approvisionnement afin qu’elles soient plus fluides.
L’IA et les satellites au service de la logistique
L’optimisation des supply chains est devenue le nerf de la guerre économique, encore plus depuis la pandémie qui a boosté les livraisons du e-commerce. Or cette optimisation s’appuie notamment sur une meilleure gestion des données aussi disparates que la météo, les opérations commerciales spéciales (comme le Black Friday), la réglementation ou des contraintes particulières comme la pénurie de composants électroniques.
Pour relever ces défis, les géants du e-commerce font appel à la puissance de calcul proposée par le cloud et à l’intelligence artificielle. Résultat, les géants de l’informatique comme Microsoft et Amazon (leader mondial du cloud) multiplient les services pour permettre aux entreprises d’être plus performantes.
Et parmi les nouveaux services qu’ils proposent, il y a l’imagerie satellite. Mises à jour en temps réel, ces informations sont cruciales pour la logistique, car elles permettent de savoir combien de navires sont dans un port et combien de conteneurs ils transportent. Les images satellites permettent aussi de voir l’évolution du trafic routier et les aménagements réalisés ou en cours et qui permettront de rendre plus fluides les livraisons.
« Mais l’un des défis majeurs pour l’observation de la Terre depuis l’espace est qu’une grande partie de la Terre est couverte de nuages opaques. 67 % du monde est couvert de nuages », explique Microsoft.
S’appuyant sur Azure, sa plate-forme applicative dans le cloud, SpaceEye est un système basé sur l’IA qui génère quotidiennement des images optiques et multispectrales de la Terre sans nuages.
Les données satellites : la guerre Microsoft/Amazon
Ce résultat est obtenu en deux étapes. Premièrement, SpaceEye utilise l’instrument SAR (Synthetic Aperture Radar) de la mission Sentinel-1 (série de satellites d’observation de la Terre développée par l’ESA) pour produire des données de base, puisque le radar n’est pas affecté par la couverture nuageuse. La seconde étape consiste à les combiner avec des données optiques historiques pour générer une image d’IA qui prédit ce à quoi une scène peut ressembler sous les nuages.
En septembre 2020, Microsoft a aussi lancé Azure Orbital. Sa plate-forme de traitement des données satellitaires basée sur le cloud marche sur les plates-bandes de Ground Station d’Amazon Web Services (division cloud d’Amazon).
Lancé dès 2017, Ground Station compte aujourd’hui de nombreux clients du secteur aérospatial comme Spire (spécialisée dans le suivi des navires/avions et les données météorologiques) et Capella Space (spécialisée dans les satellites d’imagerie radar).
Comme AWS Ground Station, Azure Orbital permet aux opérateurs de satellites de contrôler leurs engins spatiaux via le cloud, ou d’intégrer les données des satellites avec un stockage et un traitement basés sur le cloud.
Enfin récemment, la division Azure Space de Microsoft a signé un accord avec différents partenaires, dont Airbus. Dans le cadre de ce partenariat, Airbus alimentera Azure Maps avec son imagerie satellitaire à résolution SPOT 1,5 m et ses constellations de satellites optiques Pléiades 50 cm et Pléiades Neo 30 cm fournissant des produits à très haute résolution.
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