Même si la réglementation ne fixe pas encore de seuil de concentrations concernant les micropolluants (résidus de médicaments, pesticides, hormones etc.), certains sont déjà sur la sellette au niveau européen et nul doute que la réduction de leur présence dans les eaux sera l’une des priorités des années à venir. La France s’est d’ailleurs dotée depuis peu d’un plan quinquennal « micropolluants » (2016-2021). Dans ce cadre, de nombreuses méthodes sont aujourd’hui en cours d’élaboration ou de test et on évalue au mieux leur efficacité et leur pertinence économique. Le projet Micropolis-Procédés sur l’ozonation mené par l’Irstea et ses partenaires (Suez et l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse) en est l’un des exemples.
Un test sur 76 micropolluants
L’ozonation, qui correspond à une oxydation par l’ozone, consiste à dégrader les molécules des micropolluants en d’autres molécules que l’on espère non dangereuses pour la santé ou l’environnement. Installé dans la station d’épuration de Sophia-Antipolis, le réacteur d’ozonation où ont eu lieu les tests et les campagnes d’échantillonnages a permis sur trois ans d’analyser les rendements de la dégradation par ozonation sur 76 micropolluants (organiques ou métalliques) réfractaires au traitement biologique, de les classer et de déterminer la dose d’ozone juste nécessaire pour chaque classe. Au final, il ressort que le rendement de dégradation varie de 70 à 90 % et que l’on peut classer les micropolluants en trois catégories selon leur capacité à être oxydés plus ou moins rapidement.
Un impact global à affiner
Si la dégradation des micropolluants est bien réelle, de nombreuses interrogations subsistent. En effet, l’écotoxicité des produits de dégradation n’est pas forcément connue, notamment leurs effets comme perturbateurs endocriniens. Aussi, avant d’établir un bilan totalement positif de cette expérience, un projet complémentaire Micropolis-Indicateurs a été mené dont les résultats finaux devraient être présentés fin mai 2018. Les résultats partiels semblent indiquer que le pouvoir de perturbateurs endocriniens de nombreuses substances est seulement diminué par l’ozonation mais pas forcément assez ( voici les résultats intermédiaires). Côté consommation énergétique, la mise en place du procédé d’ozonation a engendré une hausse de 20 à 25 % de la consommation électrique de la station. Cependant, nuance Jean-Marc Choubert, le responsable du projet à l’Irstea, cela ne représente qu’une augmentation de 10 à 18€HT par m³ d’eau traitée soit une dizaine d’euros par an pour le consommateur.
Ce projet a ainsi permis d’établir les premières données scientifiques de référence et d’élaborer des recommandations et des solutions d’optimisation immédiatement applicables pour la station. Les résultats sont désormais à la disposition des collectivités et des professionnels en charge de l’épuration qui souhaitent bénéficier de ce retour d’expérience.
Sophie Hoguin
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