Les entreprises et les particuliers communiquent de plus en plus grâce aux réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Mais ils ne sont pas parfaits, notamment en termes de confidentialité des échanges. C’est le pari de Mastodon.
Pour épater vos amis, ne dites plus que vous envoyez des « tweets » ; vous échangez des… « toots ». Exit donc Twitter et ses petits messages de 140 signes, place à Mastodon et ses échanges de 500 signes.
Lancé il y a quelques semaines, ce réseau de microblogging rencontre un succès très important auprès des… « geeks ». Rien de diffamant derrière ce constat ; il est logique que tout nouveau projet internet intéresse en premier les accros aux nouvelles technologies. Le réseau a dû fermer temporairement les inscriptions pour adapter les performances de ses serveurs à l’afflux des connexions.
Mais au-delà de cette audience « limitée » (près de 200 000 inscrits contre 300 millions pour Twitter), c’est le concept de Mastodon qui est séduisant. À l’origine, il s’agit d’un logiciel open source développé à l’automne dernier par Eugen Rochko, un Allemand de 24 ans. Aujourd’hui, c’est devenu une plate-forme d’échanges ou plus exactement une « confédération » car elle n’est pas centralisée. Ses utilisateurs sont dispersés sur plusieurs nœuds et doivent commencer par choisir une « instance » pour y créer un compte. Ces « instances » sont des serveurs équipés du même logiciel libre et peuvent communiquer entre eux. Cela signifie que pour les utilisateurs, les échanges ne sont pas pénalisés ou bloqués par cette structure décentralisée.
Comme sur Twitter, il est possible de signaler (à des modérateurs bénévoles), de bloquer ou de mettre « en sourdine » des utilisateurs.
Actuellement, il y a environ 1000 instances. Certaines sont ouvertes à tous, d’autres nécessitent une validation pour y accéder. Elles peuvent être généralistes, géographiques ou thématiques (joueurs de Minecraft, défenseurs des droits des animaux…). Il existe des instances françaises, dont une adresse igouv.fr. D’autres ont été créées par des fournisseurs associatifs d’accès à Internet (comme Tetaneutral à Toulouse ou Aquilenet en Aquitaine), l’association de défense des libertés en ligne la Quadrature du Net, ou Framasoft, qui développe des outils libres pour « dégoogliser » Internet.
À la différence de Twitter, chacun peut créer son propre réseau social en partageant le contenu avec qui il veut. Et cela, sans avoir de grosses compétences en développement, et sans avoir à dépenser quoi que ce soit puisque tout est gratuit.
Financé en crowdfunding sur la plate-forme de microdons appelée Patreon, Mastodon a récupéré quelque 2600 euros. Tout n’est pas encore parfait. Reposant sur le travail de bénévoles, l’amélioration peut être plus lente. C’est le cas en particulier des applications pour Android et iOS qui sont en cours de finalisation.
Reste à savoir si Mastodon va durer. Le cap du million de « toots » a été franchi récemment sur l’instance principale (« Flagship »). D’autres alternatives aux plates-formes centralisées ont déjà été lancées mais elles sont restées plus ou moins confidentielles, ou sont retombées dans l’oubli. Premier bilan après l’été… (mais Facebook et Twitter ne se sont pas faits en un seul mois…) !
Par Philippe Richard
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