Le marché spatial est aujourd’hui en pleine mutation. Les acteurs se multiplient, privés ou étatiques, de même que les satellites - leur taille, leurs usages, leurs orbites. Dans ce contexte, la France et l’Europe doivent réagir, sous peine d’être dans l’incapacité de gagner de nouvelles parts de marché, et même voir les marchés aujourd’hui captifs s’envoler dans les années à venir.
Ariane 5 a permis à la France et à l’Europe d’être longtemps leaders sur le marché des lanceurs de satellites. Depuis l’avènement de SpaceX, qui a réussi le pari de développer des lanceurs réutilisables, la donne change. Brutalement. Jusqu’alors, les entreprises privées du spatial collaboraient étroitement avec les agences spatiales d’Etat sur les programmes spatiaux, pour des raisons économiques, mais aussi stratégiques.
Depuis peu, les entreprises privées s’émancipent et développent leurs propres services spatiaux. Mais il ne faut pas s’y tromper : les Etats, via leurs main mise sur les programmes de recherche et développement, et leurs capacités de financements, gardent la main. Les enjeux stratégiques sont trop importants.
La transition vers le privé
Comme on vient de l’évoquer, la disruption opérée par Elon Musk a été comme un grand coup de pied dans la fourmilière du secteur spatial, notamment pour l’agence spatiale européenne, l’ESA. D’abord sceptiques sur l’intérêt de développer des lanceurs réutilisables, les spécialistes du spatial, l’ESA en tête, saluent aujourd’hui le tour de force du fondateur de Tesla : aujourd’hui SpaceX croque des parts de marchés sur le secteur des lancements de satellites, mais pas seulement. Récemment, la firme d’Elon Musk a convoyé des astronautes américains jusqu’à l’ISS, pour le compte de la Nasa.
Les opérateurs privés tels que SpaceX sont aujourd’hui nombreux : Blue Origin et Virgin Galactic sont les deux autres entreprises américaines du spatial les plus connues.
A côté, des acteurs étatiques sont également entrés dans la danse, à côté des « anciens » comme l’Europe, les Etats-Unis et la Russie. La Chine, qui n’a jamais caché ses ambitions spatiales sans pour autant être à la hauteur des trois acteurs que l’on vient de citer, s’affirme depuis quelques années. En témoigne les réussites récentes de son lanceur Longue Marche, qui après des échecs répétés, est aujourd’hui le symbole des ambitions chinoises.
En Chine, OneSpace, iSpace et LandSpace font partie de la dizaine de startups ayant émergé et proposant déjà des services de lancement. Ces startups sont très liées à l’Etat, bien sûr.
C’est également le cas en France du reste, avec des entreprises comme Airbus et Thales par exemple, qui oeuvrent sur la majorité des projets spatiaux européens.
Les pays du Golfe, l’Afrique, développent également des programmes spatiaux cohérents, et seront à n’en pas douter à même de proposer des solutions de lancements financièrement intéressantes dans les prochaines années.
Quels débouchés sur le marché du spatial ?
L’activité dans le secteur spatial peut être segmentée en trois marchés :
-
- la conception de satellites;
- le lancement de satellites;
- la conception de lanceurs.
Les débouchés possibles dans les secteurs militaires/défense, scientifiques et commerciaux se sont multipliés. Pour les deux premiers cités, les marchés ne sont pas totalement ouverts à la concurrence, il s’agit souvent de partenariats public-privé. L’importance stratégique de ces activités, nous l’avons déjà évoqué plus haut, oblige les Etats à verrouiller, autant qu’ils le peuvent, la R&D sur ces secteurs.
Par contre, en ce qui concerne l’aspect commercial, on peut parler de « privatisation de l’espace ». Les projets d’envois de satellites, souvent de petite taille voire de très petites tailles (nanosatellites) dans l’espace sont aujourd’hui légion. Cela ne va d’ailleurs pas sans poser des problèmes d’encombrement des orbites.
Internet des objets, 5G, communication, imagerie, guidage… Les enjeux financiers sont importants et la course à l’espace a lieu sous nos yeux.
Si personne ne peut prédire aujourd’hui le moment où toutes les usines seront automatisées et connectées, la technologie pour rendre cela possible, elle, sera bientôt là. C’est cette course là qui se joue aujourd’hui.
Par P.T
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