De la graisse de bœuf. C’est la matière première utilisée pour produire le biocarburant qui servira à propulser quatre bâtiments de l’US Navy. Une première saluée par le secrétaire d’Etat à la Marine, Ray Mabus et à l’Agriculture Tom Vilsack, présents à San Diego (Californie) pour l’occasion.
Great Green Fleet
Cette expérience s’inscrit dans une stratégie plus globale résumée par l’expression : « Great Green Float ». Elle consiste à substituer la moitié de la consommation de pétrole et dérivés de la marine américaine par des carburants de substitution. Et ce, afin de diminuer son empreinte carbone certes, mais surtout réduire sa dépendance envers un produit importé, et dont les cours peuvent affecter la conduite de la guerre.
Cette stratégie a été élaborée alors que les Etats-Unis déployaient de nombreuses troupes au Moyen-Orient et que les cours du baril de pétrole dépassaient allégrement les 100$. Elle doit également participer à augmenter l’autonomie des troupes. Une doctrine résumée par le secrétaire d’Etat à la Marine : « La Grande Flotte Verte montre comment nous sommes en train de transformer notre utilisation de l’énergie pour faire de nous de meilleurs combattants, pour aller plus loin et délivrer davantage de puissance de feu. En bref, cela nous permet de remplir notre mission, à savoir une présence globale ».
Réalisable mais coûteux
Les quatre navires bénéficient d’une technologie développée par la société américaine AltAir Fuels, qui raffine les déchets issus des plusieurs fermes bovines de Californie. Ces carburants alternatifs sont compatibles avec les moteurs actuels et ne nécessitent pas d’adaptation. Le procédé reste néanmoins coûteux ce qui explique pourquoi l’armée s’est résolue à n’intégrer ce combustible alternatif qu’à hauteur de 10% dans le mix total, contre 50% initialement envisagé. La diminution des coûts est donc l’objectif principal du secteur des biocarburants, qui a bénéficié de quelque 500 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral pour y parvenir. D’aucuns émettent de sérieux doutes sur l’intérêt réel des biocarburants. Outre le risque de concurrence sur les terres agricoles, ces carburants alternatifs ne donneront pas une meilleure autonomie aux navires américains, et ne résolvent en rien la problématique logistique de son acheminement jusqu’aux théâtres d’opération. C’est le principal inconvénient du recours aux carburants fossiles.
C’est pourquoi, l’US Navy travaille sur d’autres pistes que les biocarburants. Son laboratoire dédié, le Naval Research Labaratory, avait fait sensation en 2014 en annonçant avoir réussi à faire voler un avion télécommandé grâce à un carburant fabriqué à base… d’eau de mer ! Le procédé, qui consiste à extraire simultanément le CO2 et l’hydrogène de l’eau de mer pour en faire du kerosène, est en cours de développement à plus grande échelle. L’océan en guise de station-service, un rêve pour tout marin.
Romain Chicheportiche
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