L’Uruguay dispose à ce jour d’une puissance électrique installée totale de 4 gigawatts (la France compte 128,9 gigawatts). En 2012, la part des énergies renouvelables y atteignait déjà près de 60 % (51,1 % d’hydraulique, 8,1 % de biomasse et 0,8 % d’éolien). Si encore 40 % de l’électricité provenait d’énergies fossiles, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité devrait atteindre plus de 90 % fin 2015. Car le pays a fortement développé ses capacités éoliennes ces dernières années.
A la fin de cette année, selon les prédictions de l’Administration du Marché Électrique, le pays disposera de 1,3 gigawatts d’origine éolienne, ce qui représentera environ 30 % du mix électrique du pays. Grâce à ses faibles besoins en électricité et son fort développement éolien, l’Uruguay deviendra dès lors le pays présentant la plus grande part d’énergie éolienne dans sa production électrique. En comparaison, l’éolien représente 28 % de l’électricité produite au Danemark, 21 % en Espagne et 12 % en Allemagne.
Pour atteindre son indépendance énergétique, l’Uruguay investit annuellement 3 % de son PIB dans le secteur de l’énergie. Pour assurer la transformation de son système énergétique dans un cadre stable, les 4 principaux partis politiques du pays ont signé en 2008 des lignes directrices en matière de politique énergétique pour 2005-2030. En faisant baisser la facture électrique des foyers uruguayens d’environ 6 % depuis 2008, cette politique énergétique recueille l’adhésion des citoyens.
Exploiter son sous-sol et les énergies renouvelables pour assurer l’indépendance énergétique
Pour atteindre l’indépendance énergétique, l’Uruguay mise sur l’exploration et l’exploitation des ressources énergétiques de son sous-sol. Le pays fait également du chauffage solaire de l’eau une priorité. En 2009, le gouvernement a promulgué la loi sur l’énergie solaire thermique qui fait de la recherche, du développement et de la formation pour l’utilisation de cette technologie une question d’intérêt national.
Aujourd’hui, les permis de construction ou de réhabillitation des centres de santé, des hotels et des clubs de sport ne sont autorisés que s’ils comprennent des équipements complets permettant de couvrir au moins 50% de leurs besoin en eau chaude par l’énergie solaire thermique. Egalement, toutes les nouvelles constructions du secteur public dont la consommation d’eau chaude représente plus de 20% de la consommation énergétique totale doivent assurer 50% de leurs besoins en eau chaude grâce à cette technologie. Enfin, toutes les nouvelles piscines chauffées devront assurer entièrement le chauffage de l’eau grâce au solaire thermique, dès lors qu’elles n’utilisent pas d’autres sources d’énergies renouvelables à cette fin.
Des objectifs pour 2015, 2020 et 2030
Selon les objectifs inscrits dans la politique énergétique 2005-2030 de l’Uruguay, fin 2015, le pays vise un taux d’électrification de 100% et une part d’énergies renouvelables de 50 % dans son approvisionnement énergétique. Au moins 30% des déchets agro-industriels et urbains dans le pays seront utilisés pour générer différentes formes d’énergie, et le pays devra avoir diminué de 15% sa consommation de pétrole dans les transports, par rapport au scénario tendanciel.
D’ici 2020, le pays doit atteindre son niveau optimal d’utilisation des déchets pour produire de l’énergie. Il devra aussi utiliser son potentiel maximal en énergies renouvelables, notamment concernant l’énergie éolienne, la biomasse, le solaire thermique et les biocarburants. De plus, l’utilisation du gaz naturel devra atteindre son niveau de stabilité. A cet horizon, la recherche des gisements énergétiques (charbon, gaz, pétrole, uranium) dans le sous-sol du pays sera terminée et le pays aura réfléchi à leur utilisation éventuelle. Le pays aura développé des projets pilotes utilisant des sources d’énergie nouvelles. Grâce à l’efficacité énergétique, la consommation énergétique du pays aura diminuée de 20%.
En 2030, le pays aura atteint son indépendance énergétique. A cet horizon, « le modèle énergétique uruguayen est un modèle au niveau mondial, l’intensité énergétique du pays est l’une des meilleure du monde », prévoit le document signé par les 4 principaux partis politiques du pays.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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