Avec le Ludylab, les drones et la réalité virtuelle prennent leur quartier dans un petite commune de Vendée. Ses concepteurs rêvent de démontrer que l'idée du «living lab» peut s'exporter dans la France rurale.
«Fun and learn», ce qui peut se traduire par «apprendre et s’amuser» : c’est la devise du Ludylab, un laboratoire inauguré le 20 mars dernier et affecté à la pratique ludique des drones, de la réalité virtuelle ou encore de l’impression 3D. Son organisation suit les principes du «living lab», un lieu d’échange d’idées et de savoirs, où sont invités à se rencontrer les chercheurs, les entrepreneurs et les citoyens-usagers, appelés à contribuer activement aux projets. Les «living labs» se comptent par dizaine désormais en France. Mais le Ludylab a quelque chose de singulier : il est implanté à Chambretaud, petite commune vendéenne de quelque 1500 habitants, loin des grands centres urbains qui accueillent d’ordinaire de telles structures.
Le pari de Jean-Michel Mousset, co-fondateur du Ludylab (avec plusieurs membres de sa famille notamment), est audacieux : établir une plateforme consacrée à l’innovation en milieu rural. Terre d’agriculture et d’industries agro-alimentaires, où «les usines sont à la campagne» selon le Conseil départemental, la Vendée n’est pas la plus engagée dans la «révolution» numérique. L’ancien dirigeant du groupe de transports Mousset s’est donc montré ambitieux afin que le site soit attractif et encourage la naissance d’un écosystème alentour. Construit sur une ancienne friche industrielle, Ludylab s’étend sur une superficie de 4500 m2 et représente un investissement privé d’un million d’euros. Une campagne de financement participatif a en outre été ouverte sur la plateforme Vendée Up.
La plus grande volière d’intérieur de France
L’espace consacré au pilotage de drones occupe à lui seul 900m2 et mesure 9 mètres de haut. En France, c’est la plus grande volière d’intérieur dédiée à cette activité, selon les responsables du Ludylab. Les visiteurs ont à disposition neuf modèles de drones, des casques de vision à la première personne et un dispositif innovant de contrôle obéissant aux mouvements de la main. Ils ont la possibilité de s’initier au pilotage et à la prise de vue, voire de participer à des ateliers de programmation et de fabrication, en accord avec la tradition du «fab lab». Du reste, le Makerspace constitue le deuxième gros morceau du Ludylab. Il héberge pour le moment deux imprimantes 3D et se voue au prototypage et à l’expérimentation. Un partenariat local avec le fab lab de l’établissement scolaire de Saint Gabriel a été mis sur pied. Par ailleurs, quinze postes de travail sont regroupés au sein d’un bâtiment annexe et une dizaine de couchages sont également prévus. L’esprit «start-up» est revendiqué partout.
Le troisième pôle promeut la réalité virtuelle et se sépare en deux parties, intégralement équipées de casques HTC Vive. D’un côté, l’«escape game» incite deux à quatre joueurs à s’entraider pour résoudre des énigmes lors d’un périple spatio-temporel long d’une bonne heure. De l’autre, plusieurs postes privilégient le réflexion et l’action, solo ou multijoueurs, en s’appuyant sur des jeux typés arcade, provenant d’éditeurs tiers. Le Ludylab ne compte pas s’arrêter là. «Nous souhaitons développer des projets de réalité virtuelle/réalité augmentée et concevoir des formations et des ateliers d’accompagnement, tant sur les nouvelles technologies que sur le développement personnel» confie Pascale Mousset, co-fondatrice.
Aucun objectif de résultat n’a été fixé. «Nous n’avons pas de modèle économique prédéfini, poursuit Pascale Mousset, nous voulons expérimenter en mode start-up». Le chiffre d’affaire du Ludylab sera constitué par l’addition des recettes des entrées, des prestations pour les entreprises (séminaires, etc), du sponsoring, du mécénat, voire d’aides publiques. Le réseau tissé par Jean-Michel Mousset au cours de sa carrière professionnelle sera probablement d’un grand soutien pour drainer une clientèle d’entreprise. Quant au grand public, les initiateurs du Lubylab tablent sur la proximité du Puy-du-Fou et espèrent que les visiteurs de ce parc de loisirs, d’inspiration médiévale, seront aussi tentés par des expériences ludiques plus contemporaines.
A partir de 25 € par heure et par personne
Frédéric Monflier
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