Jusqu’à présent, on estimait que l’ozone formé par les émissions de polluants issus des activités humaines jouait un rôle mineur dans le réchauffement global. Une étude réalisée par une équipe internationale de chercheurs démontre au contraire que l’ozone troposphérique joue un rôle central dans le réchauffement de l'océan Austral.
La planète se réchauffe et l’océan Austral est l’une des principales régions d’absorption de l’excès de chaleur. Malheureusement son réchauffement profond et rapide réduit sa capacité d’absorption.
Les modifications des niveaux d’ozone dans la haute et la basse atmosphère seraient responsables de près d’un tiers du réchauffement observé dans les eaux océaniques bordant l’Antarctique au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
L’ozone, un gaz vital pour notre planète qui est aussi un polluant
Bien que très peu présent dans l’atmosphère terrestre (seulement 6 à 8 ppm), l’ozone est essentiellement concentré dans une couche de 20 km d’altitude située au niveau de la stratosphère.
Cette couche d’ozone, si célèbre depuis la découverte d’un trou au niveau du pôle sud dans les années 1980, joue un rôle vital puisqu’elle absorbe les UV-B nocifs à la vie sur terre. D’ailleurs, malgré l’interdiction des CFC en 1987¹, l’effet néfaste des émissions de gaz chlorés se fait toujours sentir. Ainsi, au printemps 2020, un trou record s’est formé au-dessus de l’Arctique, favorisé par des anomalies de température dans le pacifique nord.
Mais cet ozone créé par l’interaction entre le rayonnement UV solaire et l’oxygène de l’air ne doit pas être confondu avec l’ozone troposphérique, créé dans les basses couches de l’atmosphère.
Lui aussi tristement célèbre, ce gaz est issu de l’interaction entre le rayonnement solaire et des polluants atmosphériques, les oxydes d’azote (NOx) et les composés organiques volatils (COV). Principale cause du « smog », cet ozone est ainsi directement lié aux activités humaines : combustions fossiles, évaporation de solvants et de combustibles liquides.
L’ozone troposphérique est plus qu’un polluant : c’est également un facteur de réchauffement de l’océan Austral
Une étude conduite par une équipe de chercheurs internationale et publiée dans le journal Nature Climate Change démontre que cet ozone troposphérique est bien plus qu’un simple polluant.
En simulant l’évolution des niveaux d’ozone dans les hautes et basses couches de l’atmosphère entre 1955 et 2000, l’équipe de chercheurs est arrivée à la conclusion que l’augmentation du niveau d’ozone dans les basses couches de l’atmosphère était responsable de 60 % du réchauffement global dû à l’ozone dans l’océan Austral, sur la période étudiée.
Cette découverte va donc à contre-courant des connaissances actuelles, car l’ozone troposphérique était jusqu’ici surtout connu comme un facteur de forçage du climat près des sources de pollution principales, c’est-à-dire dans l’hémisphère nord.
Selon le Dr Michaela Hegglin, professeure associée en chimie atmosphérique et co-autrice de l’étude dirigée par la University of California Riverside, les émissions dans l’hémisphère nord ont bien un effet sur l’hémisphère sud :
« Nous savons depuis un certain temps que l’appauvrissement de l’ozone dans les hautes couches de l’atmosphère affecte le climat de surface dans l’hémisphère sud. Nos recherches ont montré que l’augmentation de l’ozone dans la basse atmosphère, due à la pollution atmosphérique principalement dans l’hémisphère nord et qui « fuit » dans l’hémisphère sud, est également un problème grave. »
¹ Les CFC sont les principaux gaz responsables de cette destruction de la couche d’ozone. Ils ont été interdits par le protocole de Montréal en 1987.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE