Racheté par un fonds d’investissement, un médicament a vu son prix augmenter de 5.000 % ! Des lycéens australiens ont trouvé la parade pour le proposer à un prix correct.
Le prix des médicaments a de quoi donner mal à la tête ! « En 2005, un nouvel anticancéreux apparaît — l’Avastin — et son fabricant, Roche, réclame 44 500 euros par traitement. Un prix élevé pour un gain de trois mois d’espérance de vie. Six ans plus tard, arrive un autre anticancéreux, Yervoy. Le fabricant, BMS, réclame 105 000 euros. Je ne peux pas croire que les coûts de recherche et développement ont été multipliés par 2,5 en six ans… », déclarait récemment Agnès Buzin, la nouvelle présidente de la HAS (Haute Autorité de Santé) et qui fut auparavant présidente de l’Institut du cancer.
Comme pour l’informatique, la baisse des coûts pourrait venir de projets open-source. C’est ce qu’a démontré un groupe d’étudiants de Sidney. Ils ont recréé un médicament pour baisser son prix et le rendre accessible. Le Dataprim, un traitement destiné aux malades du SIDA, est devenu hors de prix depuis que Martin Shkreli, le directeur d’un fonds d’investissement spécialisé dans le rachat de brevets (Turing Pharmaceuticals), l’a augmenté de… 5000 % en 2015 pour le vendre 710 euros. Son seul objectif : augmenter sa rentabilité de ce traitement classé comme essentiel par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Martin Shkreli n’en est pas à son premier coup d’éclat. En mettant la main sur un laboratoire pharmaceutique, Retrophin, il avait décidé de multiplier les prix de certains traitements. Depuis, il est accusé d’avoir utilisé Retrophin pour rembourser les dettes de ses fonds d’investissement.
Participant à un projet de l’Open source malaria consortium, intégré à l’Université de Sidney, des étudiants ont cassé les prix. À partir de 17 grammes pur de 2,4-chlorphényl-acétonitrile, achetés en ligne au prix de 36,50 dollars (34 euros) les 100 grammes, les adolescents de 16 ans ont produit 3,7 grammes de Daraprim. Résultat, leur médicament ne coûte que 12,70 euros.
Pendant toute la conception du médicament, les étudiants ont partagé leurs progrès en ligne sur une plate-forme ouverte afin que les scientifiques du monde entier puissent avoir accès à leurs données et les aider à avancer.
Ce n’est pas le premier projet open-source concernant la santé. Depuis 2011, la Fondation suisse Medicines for Malaria Venture (MMV) distribue gratuitement à 200 laboratoires dans 30 pays, une « Malaria Box » (cette pandémie concerne encore la moitié de la population mondiale). Il s’agit d’un kit contenant 400 composés chimiques présentant une activité antipaludéenne.
Plus d’une douzaine de projets de développement de médicaments sont déjà en cours. « L’Institut national américain du cancer travaille actuellement sur un médicament contre le cancer du côlon, lui aussi découvert par ces recherches collaboratives » précise un responsable de cette fondation qui repose sur un partenariat public-privé à but non lucratif, avec des partenaires chez Novartis, GSK ou Sanofi-Aventis. Elle est financée par d’autres fondations privées (Fondation Bill & Melinda Gates ou le Wellcome Trust), des industriels (ExxonMobil’s) et des fonds gouvernementaux (USA, Espagne, Australie…).
Philippe Richard
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE