Considérée par certains comme une stratégie commerciale pour doper les ventes, l'obsolescence serait donc planifiée et intégrée dans les appareils dès leur conception. Mais selon une étude suisse, des logiciels pourraient aussi raccourcir, volontairement ou non, la durée de vie de certains équipements.
Depuis la Loi de transition énergétique pour la croissance verte, votée en 2014 et en vigueur depuis 2015, la loi française punit le délit d’obsolescence programmée. Elle est définie par «l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement». Elle est punie de 2 ans d’emprisonnement et de 300 000€ d’amende.
Mais les affaires sont rares. En septembre 2017, l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) avait déposé plainte contre les marques d’imprimantes (Canon, Brother, Epson et HP). C’est l’exemple le plus connu d’obsolescence : certaines cartouches d’encre sont équipées d’une puce qui bloque l’impression dès que le niveau d’encre atteint un certain niveau.
HOP avait aussi porté plainte, en décembre 2017, contre Apple sur l’obsolescence de ses modèles d’iPhone 6, 6 s, SE et 7. Selon HOP, «le ralentissement des appareils plus anciens semble avoir pour intention délibérée de pousser les clients d’Apple à l’achat du nouveau modèle.»
Pour l’instant, la justice continue d’enquêter sur ces sujets…
Le pire est à venir avec l’IoT…
Pour certains, cette usure prématurée serait donc programmée pour que des pièces ne tiennent pas éternellement. Mais selon le laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa), deux autres facteurs seraient déterminants.
Premièrement, la pression exercée sur les prix qui oblige les marques à faire des compromis avec certains composants de moindre qualité. Deuxièmement, les logiciels embarqués auraient un impact sur la durée de vie des appareils. En poussant au maximum de leurs capacités les équipements, des logiciels augmenteraient prématurément leur «usure».
C’est comme si l’on roulait tous les jours, pendant plusieurs centaines de kilomètres à 130 km/h, sur l’autoroute avec une citadine. Le moteur et ses composants vont être usés plus vite que s’il s’agit d’une routière.
«Ce facteur pèse probablement plus lourdement sur la perte de valeur des équipements que l’obsolescence programmée», estime l’Empa, qui prévient que ce phénomène risque de s’amplifier lorsque l’IoT (Internet des objets) «sera devenu une réalité».
Selon les scientifiques suisses, «l’IoT risque de nous mettre dans la situation où il sera nécessaire de remplacer un réfrigérateur qui refroidit parfaitement, mais dont l’électronique est prise de court par les nouveaux logiciels…»
Mais les logiciels eux-mêmes peuvent être «usés». Avec une augmentation importante de l’utilisation des systèmes programmables au cours des 25 dernières années, l’obsolescence des logiciels est devenue un problème majeur qui va continuer à croître.
Cela se manifeste de plusieurs façons :
- des temps d’arrêt prolongés lorsque des pannes surviennent, car il faut beaucoup plus de temps pour restaurer le logiciel et le remettre en marche ;
- des dépenses forcées et imprévues pour la mise à niveau du matériel et des logiciels ;
- des problèmes de sécurité peuvent être soulevés par l’obsolescence des logiciels ;
- des vulnérabilités de cybersécurité peuvent apparaître dans des logiciels obsolètes à mesure que de nouvelles cybermenaces sont découvertes et que les logiciels ne sont pas corrigés.
En attendant, la situation évolue dans le bon sens. En juillet 2018, le projet de loi anti-gaspillage présenté par le Gouvernement français contenait un indice de réparabilité obligatoire sous la forme d’une note allant de 1 à 10. Cet indice de réparabilité devrait être transformé en un indice de durabilité à partir de 2024.
Enfin, il y a quelques mois, la Commission européenne a adopté des règles obligatoires pour augmenter la réparabilité. À compter de mars 2021, il sera obligatoire pour les fabricants de mettre à disposition des pièces détachées et de publier les informations nécessaires à la réparation de certains produits.
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