Créé en 1901, comme laboratoire d’essais du CNAM, le LNE a été transformé en EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) en 1978 pour répondre aux problématiques de la protection et de la sécurité du consommateur face aux nouveaux produits arrivant sur le marché français.
Maguelonne Chambon, directrice de la recherche scientifique et technologique du LNE, explique pour Techniques de l’Ingénieur le fonctionnement actuel du LNE.
Techniques de l’Ingénieur : Pouvez-vous nous présenter l’activité du LNE et son spectre d’intervention au niveau français et européen ?
Le LNE apporte aux entreprises, industriels, institutions et collectivités, les solutions techniques dont elles ont besoin pour répondre à leurs enjeux de performance, compétitivité, santé, sécurité et développement durable. Son expertise se décline en prestations de recherche, métrologie, essais et analyses, certification, formation, et assistance technique. Avec un effectif de plus de 800 collaborateurs, dont plus des deux tiers d’ingénieurs et techniciens, le Groupe LNE déploie son savoir-faire à l’international avec des filiales implantées en Amérique et en Asie. Il se positionne aujourd’hui entre autres sur les domaines émergents des nanotechnologies, de la fabrication additive et de l’intelligence artificielle.
Au niveau européen, le LNE est membres des associations et réseaux majeurs comme EURAMET (association européenne des laboratoires nationaux de métrologie), EUROLAB Aisbl (association des laboratoires d’essais) et WELCMEC (association des organisations travaillant en métrologie légale).
Pouvez-vous détailler les compétences et les interventions du LNE sur les contrôles qu’il effectue sur la validation de la conception, de la fabrication et de l’utilisation ?
Le LNE est désigné par le ministère en charge de l’industrie pour délivrer les certificats d’examen de type des instruments de mesure mis sur le marché et réglementés par le décret français du 03 mai 2001. Il est également notifié pour la directive 2009/23/CE IPFNA (instrument de pesage à fonction non automatique). Donc le service de métrologie légale du LNE fait des examens sur des produits soumis à ces directives.
Sinon, le LNE ne participe pas à la conception de produits, ni à la fabrication, ni à leur validation, c’est de la responsabilité du fabricant, et lui seul. De plus, pour des raisons de propriétés industrielles, les entreprises ne font pas participer le LNE à ces différentes étapes.
Quelle est la relation du LNE avec les industriels du secteur de la mesure ?
Que ce soit en tant qu’entreprise commerciale ou comme organisme de recherche, le LNE noue de liens très forts avec le monde industriel.
Sur la partie recherche, nous participons à des Pôles de compétitivité, réseaux thématiques, IRT (instituts de recherche technologique, sur le véhicule autonome par exemple), UMT (unité mixte technologique, sur le domaine du contact alimentaire par exemple) pour mieux connaître et appréhender les besoins en mesures et essais des industriels.
Nous développons de la recherche partenariale, comme dans le cadre de l’AFH par exemple (Additive Factory Hub), pour la fabrication additive. Nous organisons également des « challenges » avec différents partenaires (privés, publics) sur l’évaluation de systèmes d’intelligence artificielle.
En 2017, le LNE a créé l’Institut LNE-nanotech pour répondre aux problématiques aussi bien de R&D que de prestations sur les nano-objets.
Pour la partie commerciale, le LNE effectue des prestations, pour la majeure partie à haute valeur ajoutée : prestations d’étalonnage, d’essais, d’audits, d’expertises, de formation et d’accompagnement des entreprises sur les sujets d’infrastructure qualité (métrologie dans l’entreprise, système de management de la qualité…).
Pourriez-vous nous donner des exemples d’interventions du LNE au sein de l’industrie sur l’aide à l’innovation ?
Le souci du LNE est qu’il fait souvent des prestations « à la demande » sur des sujets les plus divers comme sur le contact alimentaire (étude de migration chimique entre le contenant et le contenu), la dose d’absorption spécifique (DAS) en électricité haute fréquence (pour veiller aux limites imposées par l’UE sur les objets connectés) ou la fabrication additive (pour voir comment répondre aux besoins de mesure en ligne).
Par exemple, dans le secteur de la mesure de la qualité de l’air, en 2019, le LNE a accompagné une start-up développant des micro-capteurs connectés, apprenants et auto-calibrés via des algorithmes d’intelligence artificielle. Le but est d’accélérer la lutte contre la pollution de l’air. En l’absence de certification, cette start-up a demandé au LNE d’évaluer leurs performances métrologiques. Dans le cadre d’un contrat de recherche partenariale, le LNE a évalué les performances métrologiques des capteurs, en ce qui concerne les particules fines, le dioxyde d’azote, le dioxyde de carbone et l’ozone. Les résultats de cette évaluation ont permis à l’entreprise de faire un état des performances de sa solution. Alors que le marché des petites stations de qualité de l’air est en pleine croissance, ces résultats obtenus par le LNE constituent un atout concurrentiel indéniable et pourront être mis à profit dans le cadre de futures améliorations de la solution de la start-up.
Autre exemple, dans le domaine du médical : le LNE appuie de nombreux fabricants dans leur démarche d’innovation, en accompagnant leur analyse de risques et en développant des essais sur mesure. L’enjeu est de soutenir le développement de dispositifs inédits. On peut citer en exemple l’évaluation d’un exosquelette externe pour les paraplégiques, particulièrement innovant en raison de son autonomie et de son autostabilisation. En complément des essais conventionnels de sécurité électrique et de compatibilité électromagnétique, les essais mécaniques ont constitué un vrai challenge : pour estimer la durabilité du dispositif, il a fallu imaginer des protocoles répétables de vieillissement accéléré et concevoir des bancs d’essais associés pour simuler des contraintes d’utilisation proches des situations de terrain.
Plus généralement, par quels biais le LNE accompagne t-il les industriels du secteur ?
Le LNE met au service des industriels tout son savoir-faire pour accompagner au mieux l’innovation. De la recherche partenariale aux essais (évaluation des performances des produits à tous les stades de leur cycle de vie…), en passant par la formation (e-learning, webinars, journées techniques…), l’assistance technique (aide à la conception, audit et diagnostic, solutions sur mesure) ou l’information (publications scientifiques, recommandations dans le cadre de travaux de normalisation, guides techniques), les différents métiers du LNE permettent d’accompagner les entreprises dans leurs stratégies d’innovation et de croissance.
Propos recueillis par Pierre Thouverez
Cet article se trouve dans le dossier :
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