La National Iranian Oil Company (NIOC) a publié le 2 janvier une liste de 29 entreprises autorisées à concourir aux futurs appels d’offres pétroliers et gaziers. Cette annonce fait suite à l’accord international sur le nucléaire signé l’année dernière entre la République islamique et la communauté internationale.
Cette liste était attendue depuis longtemps par les compagnies pétrolières désireuses de renouer leurs liens économiques avec l’Iran. Parmi elles, la Française Total figure en bonne place, aux côtés des Russes (Gazprom, Lukoil) et Chinois (CNPC, CNOOC, Sinopec). Les deux majors anglo-saxones, BP et surtout ExxonMobil, dont le pdg Rex Tillerson a été nommé secrétaire d’Etat par Donald Trump, sont les grandes absentes de cette sélection. Le nouveau président américain n’a jamais caché son hostilité à cet accord international.
Quête d’investisseurs
La participation des compagnies étrangères est une nécessité pour la République islamique tant d’un point de vue technologique que financier. Les sanctions à l’encontre du pays ont entraîné un sous-investissement massif dans les infrastructures pétrolières et gazières, pourtant première source de devises de l’économie iranienne. De fait, le gouvernement a mis en place un nouveau système de concession plus en phase avec les standards internationaux pour inciter les investisseurs étrangers encore méfiants, notamment depuis les élections américaines. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zangeneh, a estimé que les besoins d’investissements dans l’industrie des hydrocarbures s’élevaient au bas mot à 200 milliards de dollars sur cinq ans.
Ces capitaux doivent élever la production pétrolière à un niveau correspondant à celui d’avant les sanctions, soit 4,4 millions de barils jour (Mbj), contre 3,9 Mbj l’année dernière. L’Iran a en effet obtenu d’être le seul pays à ne pas participer à la restriction d’exportation voulue par l’OPEP en décembre 2016, pour faire remonter les cours du brut.
Réarmement
Le nouveau cadre économique mis en place vise à attirer les compagnies étrangères mais surtout à redonner un statut de respectabilité au régime des Mollahs. Car au-delà des ressources pétrolières, Téhéran compte bien profiter de son retour dans le concert des nations pour obtenir des technologies d’armement, notamment de la France, de la Russie ou de la Chine. A l’instar de ses installations pétrolières, la marine militaire iranienne est vieillissante et le gouvernement souhaite la renouveler pour renforcer sa présence dans le stratégique golfe d’Aden. Sous couverts de lutte contre la piraterie, un phénomène réel, les marines des puissances du Golfe mais aussi américaines, françaises britanniques, chinoises, indiennes ou encore russes intensifient leurs opérations dans ce couloir maritime stratégique. La marine iranienne rêve de posséder un porte-avions mais la technologie et les financements manquent pour l’instant. Dernier indice, en décembre dernier, le président iranien Hassan Rouhani a demandé à l’agence nationale du nucléaire de développer la technologie de propulsion nucléaire pour équiper les futurs porte-avions et sous-marins du pays. Une annonce qui intervient ironiquement un an après l’accord iranien sur le nucléaire.
Romain Chicheportiche
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