La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dévoile son nouveau rapport sur les nombreuses valeurs de la nature et les services rendus par les écosystèmes. L’évaluation menée pendant quatre ans par 82 scientifiques et experts couvre plus de 13 000 études scientifiques.
Le rapport l’affirme : les décisions politiques reposent sur la recherche des « profits à court terme » et de « la croissance économique ». En somme, elles reposent sur la seule valeur marchande de la nature. Elles laissent ainsi de côté « les multiples valeurs de la nature » qui reflètent comment, à travers le monde, les populations conçoivent, valorisent et interagissent avec la nature de façon très différente. Dans les faits, les experts estiment que « 74 % des études d’estimation des valeurs se sont centrées sur les valeurs instrumentales, 20 % sur les valeurs intrinsèques et seulement 6 % sur les valeurs relationnelles. »
De quelles valeurs de la nature parle-t-on ?
« Les valeurs de la nature varient considérablement selon les systèmes de connaissances, les langues, les traditions culturelles et les contextes environnementaux », rappelle l’IPBES. Les experts recensent ainsi plus de 50 approches et méthodes d’estimation des valeurs.
L’IPBES souligne que la préservation du vivant passera nécessairement par la prise en compte des différentes valeurs de la nature dans les prises de décision. En ce sens, la plateforme propose une nouvelle typologie innovante et complète des diverses valeurs de la nature. Cette typologie englobe la richesse des relations des gens avec la nature et les valeurs attribuées. En résumé, elle se réfère à la façon dont nous pouvons « vivre de la nature », « vivre avec la nature », « vivre dans la nature » ou encore « vivre comme la nature ».
Prendre en compte toutes les valeurs de la nature
Patricia Balvanera, codirectrice de l’évaluation de l’IPBES explique dans un communiqué : « Un projet de développement peut générer des avantages économiques et des emplois, pour lesquels les valeurs instrumentales de la nature peuvent être évaluées, mais il peut également entraîner la disparition d’espèces, associée aux valeurs intrinsèques de la nature, et la destruction de sites patrimoniaux importants pour l’identité culturelle, affectant ainsi les valeurs relationnelles de la nature. Le rapport fournit des conseils pour combiner ces valeurs très diverses. »
Un nouveau cadre mondial de la biodiversité pour la prochaine décennie doit être mis au point avant la fin de l’année lors de la COP15 sur la biodiversité. « Les informations, les analyses et les outils fournis par cette évaluation représentent des contributions précieuses à cette initiative, à la réalisation des objectifs de développement durable et à la réorientation de toutes les décisions afin qu’elles soient suivies de résultats davantage centrés sur les valeurs et bénéficiant à l’humanité et au reste de la nature », se félicite Ana María Hernández Salgar, présidente de l’IPBES.
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