Quels sont les métiers d'avenir ? Comment se transforme le secteur ? Quelles perspectives de croissance et d'embauche ? Où en est la formation ? L'OPIIEC répond à ces questions dans une étude de prospective métiers menée au premier semestre 2018.
L’Observatoire Paritaire des Métiers du Numérique, de l’Ingénierie, des Études et du Conseil, et des métiers de l’Evènement (OPIIEC) a fait réaliser une étude* sur l’ « Avenir des emplois, des compétences et des formations au sein des Entreprises de Services du Numérique (ESN) et des sociétés d’Ingénierie et de Conseil en Technologies (ICT) en France ». Deux secteurs proches dans leur structure et leur fonctionnement puisque dans les deux cas il s’agit de vendre des prestations intellectuelles de haut niveau à des entreprises et qui sont tout deux très dynamiques. Les ICT sont d’ailleurs au coeur des transformations à venir dans l’industrie et doivent elles-mêmes réussir leur adaptation à l’arrivée massive de nouvelles technologies liées au numérique.
Les ICT, créateurs de richesse
Le secteur des ICT se porte bien : 116 000 emplois, une production en valeur de l’ordre de 13Md d’euros, une croissance annuelle de 4,2 % en 2017 et une croissance prévisionnelle de 4,5 % en 2018. La croissance profitant mieux aux plus grands : 87 % des acteurs de grande taille ont augmenté leur CA contre 59 % pour les acteurs de taille intermédiaire. Le secteur est cependant très scindé entre une dizaine de très grands acteurs se partageant la moitié du marché et une multitude de petites à très petites sociétés.
Une mutation numérique profonde
La frontière entre ICT et ESN s’amincit de plus en plus avec la numérisation de toutes les technologies. Ainsi, relèvent les auteurs de l’étude, « les leaders français du secteur des ICT ont développé une offre de service relevant des activités des ESN » et alors qu’en 2007, 20 % des activités ICT relevaient des entreprises du numérique, en 2016 cette proportion est passée à 40 %. Le numérique et l’informatique dans l’industrie deviennent le support aux autres technologies et demandent donc de nouvelles compétences. Parallèlement, les entreprises sont demandeuses de nouvelles offres de service, notamment en terme de formation. Elles veulent monter en compétence et être en capacité de gérer elles-mêmes les technologies implémentées par les ICT ou les ESN. Cette tendance s’accompagne d’une intégration verticale le long de la chaîne de valeur, un point assez nouveau pour les ICT qui doivent désormais proposer des projets globaux sur tout le cycle de vie du produit qu’elle vende. Au niveau du marché, la croissance externe est très importante et les concentrations se multiplient. Face à des groupes multinationaux généralistes puissant et efficaces, les acteurs de petite taille ne résistent que lorsqu’ils sont positionnés sur une niche technologique ou sectorielle protégée.
Embauches à l’horizon
Dans les 10 prochaines années, les ICT devraient recruter quelque 80 000 personnes, dont 25 000 créations nettes de postes. Ces embauches devraient intervenir principalement au sein de 15 thématiques clés qui portent l’industrie et l’économie française. Parmi elles, on peut citer :
- l’industrie du futur (14000 recrutements)
- l’Internet des objets (12500 recrutemetns)
- l’énergie – smart grid, transition énergétique (11500 recrutements)
- véhicules autonomes, nouvelles mobilités (9000 recrutements)
- smart city/building (9000 recrutements)
Ces créations de postes prendront aussi la forme de nouveaux métiers. L’étude en identifie 19 pour les ICT et les ESN. Il s’agit par exemple des métiers de :
- consultant blockchain
- BIM modeleur
- tacticien de l’usine du futur
- géomaticien
- responsable usage et communauté
La formation, clé de voûte du secteur
Les questions de formation sont désormais au centre des activités des ICT à trois titres :
- la formation continue de ses salariés qui doivent se montrer ouverts, adaptables, capables d’apprendre vite pour suivre les évolutions constantes des nouvelles technologies qui arrivent à maturité comme l’intelligence artificielle, l’IoT ou la fabrication additive
- la capacité à former les acteurs des entreprises pour lesquelles ils travaillent
- la formation initiale qui doit faire l’objet d’une promotion sans précédent pour pouvoir fournir de la main d’oeuvre qualifiée pour les embauches à venir
Un manque de main d’oeuvre criant
Les auteurs de l’étude exposent plusieurs raisons expliquant le déficit de candidats dans ces secteurs qui pourtant embauchent maintenant régulièrement depuis plusieurs années :
- le manque d’attractivité des métiers de l’ingénierie (horaires contraignants, travail sous tension…)
- le manque d’intérêt et de connaissance des jeunes par rapport à ces métiers (manque d’information sur les formations existantes)
- le déficit de lien entre le monde de l’enseignement et celui de l’entreprise
- la faible attractivité auprès des femmes
Ce manque de main d’oeuvre crée en plus de la difficulté à fidéliser les salariés dans les entreprises d’ICT ou d’ESN. De part la concurrence : entre ces mêmes entreprises, avec les donneurs d’ordre qui veulent internaliser ces compétences, avec l’étranger qui offre de meilleures rémunérations ou conditions de travail ou encore avec le développement du travail en freelance.
La fédération réagit
Le Syntec Ingénierie s’est aussitôt saisi des constats dressés dans cette étude pour interpeller le gouvernement et propose un plan d’action « pour permettre aux entreprises d’ICT de continuer leur développement et de répondre aux besoins du marché ».
Ce plan s’articule en trois grands points :
- Enrichir et restructurer l’offre de formation en fonction des nouveaux besoins en compétences.
- Promouvoir les métiers de l’industrie et du conseil en technologies auprès d’un plus large public. La fédération professionnelle de l’ingénierie appelle ainsi à des campagnes nationales de sensibilisation aux métiers de l’ingénierie du conseil en technologies, qui accordent une attention particulière aux jeunes filles.
- Développer un environnement favorable aux entreprises d’ICT : accompagnement sur un nouveau positionnement dans la chaîne de valeur, ouverture à l’international des TPE et PME
*Etude réalisée par les cabinets Katalyse et D&Consultants entre janvier et mai 2018 pour le compte de l’OPIIEC (synthèse de l’étude)
Par Sophie Hoguin
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