L’eau, ressource abondante historiquement sur le territoire français, se raréfie. Voyons comment l’eau prélevée dans le milieu naturel est utilisée et consommée, notamment pour les activités industrielles.
En France, le secteur qui consomme le plus d’eau, pour son fonctionnement, est celui des centrales électriques. Nucléaires ou autres, les centrales de production d’électricité ont besoin d’eau pour refroidir les systèmes. Ces besoins représentent 49 % du total prélevé en France en 2019. 90% de cette eau retourne ensuite dans le milieu naturel, non loin de l’endroit où elle a été prélevée. Il est à noter qu’en France, si la production d’électricité est le secteur qui utilise les plus grandes quantités d’eau, 80 % de ces prélèvements se concentrent sur quatre sites seulement, tous équipés de circuits de refroidissement ouverts. Ces derniers consomment en moyenne vingt fois plus d’eau que les circuits fermés. La différence entre un système fermé ou ouvert pour le refroidissement est la sortie de l’eau. Réinjectée directement dans le milieu – à plus haute température – dans les circuits ouverts, elle sera évacuée sous forme de vapeur via une tour aéroréfrigérante dans les circuits fermés.
Viennent ensuite deux secteurs, l’alimentation en eau potable (17% des volumes prélevés), et l’alimentation des canaux de navigation (16% des volumes prélevés). Comme c’est la tendance depuis le début des années 2000, la quantité d’eau prélevée pour l’eau potable tend à diminuer. On estime cette diminution à 14% par rapport aux prélèvements d’eau douce pour la potabilisation réalisés en 2003.
Le secteur agricole représente 10% des volumes prélevés, toujours en 2019. La majorité de ce volume d’eau est consacré à l’irrigation, mais les agriculteurs utilisent aussi des volumes d’eau non négligeables pour abreuver les bêtes et nettoyer les bâtiments. Dans ce secteur d’activité, la contrainte dans la gestion de l’eau réside dans le fait que parmi tous les usages, l’usage agricole est celui dans lequel le volume d’eau restitué aux milieux aquatiques est le plus faible. De plus, la période où les agriculteurs ont le plus besoin d’eau, entre avril et septembre, est celle où la tension sur la ressource en eau est maximale.
Les autres usages, à l’origine d’environ 8% des prélèvements, ont pour origine les activités industrielles. Le secteur de la chimie est le principal en termes de prélèvement d’eau douce dans le milieu naturel. Viennent ensuite les industries papetières et agroalimentaires. Mais il faut bien dire que toute activité de production industrielle consomme de l’eau, à un moment donné : en tant que solvant, liquide caloporteur… produire, au sens large, nécessite de l’eau. 25 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire une tonne de papier, 10 000 litres pour un jean.
Au vu de la raréfaction de la ressource eau, et même des épisodes de sécheresses qui se succèdent depuis plusieurs années, l’industrie se prépare à tenter de produire autant, en utilisant moins d’eau. Une ambition complexe, car les industriels œuvrent déjà beaucoup pour dépolluer leurs eaux usées, selon des normes extrêmement strictes. De plus en plus, il va leur falloir démontrer qu’ils sont en mesure de continuer à traiter leurs eaux usées, tout en diminuant les prélèvements dans le milieu naturel.
Pour cela, les industriels développent des méthodes pour récupérer et traiter les eaux usées, à des fins de réutilisation. Aujourd’hui en France, le cadre légal autour de la réutilisation des eaux traitées par l’industrie est très strict. Il ne permet au secteur industriel tricolore dans son ensemble que de réutiliser 1% des eaux usées pour les traiter et les réinjecter dans le milieu. Dans les autres pays européens comme l’Espagne ou l’Italie, ce chiffre est respectivement de 15 et 8 %.
Si l’industrie veut faire drastiquement évoluer ses pratiques en termes de gestion de l’eau, il apparaît donc nécessaire de revoir le cadre légal autour de la réutilisation des eaux usées après traitement. Ces assouplissements, dont certains sont en cours, permettront aux acteurs industriels d’imaginer des procédés plus économes en eau, en circuits fermés, afin d’anticiper une France où l’eau devient, de plus en plus vite, une ressource rare.
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