L’économie circulaire est une thématique centrale fortement poussée par les pouvoirs publics, et l’application à l’industrie de ce nouveau modèle commence à être envisagée à grande échelle. Selon une étude de l’INEC et d’OPEO, l’industrie circulaire apparaît même comme une opportunité pour la réindustrialisation promue par le Plan de Relance.
L’INEC et OPEO ont récemment publié une étude dans laquelle ils présentent l’industrie circulaire comme étant une opportunité pour la réindustrialisation promue par le Plan de Relance. Nous avons interviewé Amélie Vaz, responsable des études et de la prospective à l’INEC, pour qu’elle nous explique les enjeux de l’industrie circulaire et le contexte de ces travaux.
Amélie Vaz, de l’INEC, est co-autrice de l’étude « Pivoter vers l’industrie circulaire », écrite en partenariat avec OPEO. L’INEC, l’Institut National de l’Économie Circulaire, est un think tank qui existe depuis 2013. Cette association qui compte plus de 150 membres a pour but de réunir les savoirs et d’accélérer la transition vers l’économie circulaire. OPEO est un cabinet de conseil spécialisé dans la transformation des process industriels. Le projet d’OPEO est de développer une industrie compétitive, durable, humaine et résiliente.
Techniques de l’Ingénieur : Cette étude est la première du genre. Dans quel contexte est-elle apparue ?
Amélie Vaz : Une première rencontre entre OPEO et l’INEC a eu lieu en janvier 2020, juste avant la crise sanitaire. Au départ, il était question de travailler sur un rapport intégrant la thématique de l’économie circulaire comme une composante essentielle de l’usine du futur, mais sous le prisme de l’industrie 4.0.
Puis la crise sanitaire est apparue. Lors d’une rencontre suivante, à l’été 2020, le contexte avait changé. Il était question d’un plan de relance économique visant à réindustrialiser les territoires et à sécuriser les chaînes d’approvisionnement en diversifiant les sources.
Une évidence est apparue : tant que l’industrie ne se posera pas la question de la gestion des ressources, elle ne pourra pas se déployer pleinement. Le contexte de crise nous a donc aidés à réfléchir à ces notions et à intégrer toute la chaîne de valeur, pas seulement le cœur de l’industrie. Voilà pourquoi nous parlons beaucoup des canaux de distribution dans ce rapport d’étude.
Ces problèmes d’approvisionnement sont-ils uniquement liés à la crise sanitaire ?
L’étude s’appuie sur des retours d’expérience de plus de 60 acteurs industriels et 18 entreprises de référence, dont la plupart sont membres de l’INEC. Toutes ces entreprises ont en commun d’avoir rencontré des difficultés d’approvisionnement pendant la crise, bien que certaines existaient déjà auparavant.
C’est par exemple le cas de La Poste qui a du mal à s’approvisionner en papier recyclé depuis plusieurs années, la dernière usine française de production de papier recyclé ayant fermé ses portes en 2020. Dans un sens, la crise sanitaire n’a donc fait qu’aggraver des problèmes déjà existants.
Pour un industriel, comment appliquer le concept d’industrie circulaire ?
Depuis ces 15 dernières années, on aborde essentiellement l’économie circulaire sous les angles « gestion des déchets » et « amélioration de l’efficacité énergétique ». Si nous voulons vraiment aller vers une industrie circulaire, les industriels doivent élargir leur spectre de réflexion et ne pas rester concentrés sur l’unité de production.
Canaux de production avec produits recyclés, de seconde main, emballages, etc. sont, par exemple, des pistes intéressantes, qui n’ont pas toujours un impact environnemental élevé, mais qui ont une importance symbolique forte.
Il existe six modèles économiques différents et les possibilités sont grandes. Pour un industriel qui désire se lancer, l’important est d’amorcer la réflexion et de se baser sur des outils reconnus comme l’écoconception et l’ACV.
Comment la France se positionne-t-elle sur ces questions ? Est-elle à l’avant-garde ?
Au niveau européen, la France est le seul pays à disposer d’une loi sur l’économie circulaire (loi AGEC). Nous sommes également le pays le plus en avance sur les filières REP (responsabilité élargie du producteur). La France est donc plutôt bien placée sur ces problématiques d’industrie circulaire et les pouvoirs publics soutiennent cette transition.
En ce qui concerne l’industrie, à l’INEC, nous voudrions que les choses évoluent vite, mais nous sommes conscients que ces changements prennent du temps. Quoi qu’il en soit, cette étude nous a prouvé que les industriels s’intéressent à ces questions et l’INEC est régulièrement sollicité pour les aider à implémenter de nouveaux modèles économiques. Ces enjeux d’économie circulaire deviennent vraiment stratégiques pour l’industrie, surtout qu’il y a un réel potentiel de création d’emplois dans la relocalisation des activités industrielles.
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