Après trois ans de recherche, l’hôpital Severance de la Yonsei University Health System de Corée du sud a annoncé qu’il allait bientôt pouvoir commencer la commercialisation de son premier œil artificiel imprimé en 3D. La technologie et les prototypes ont été validés et il faut maintenant achever les tests in-vivo. Les yeux devraient être disponibles à la vente en 2020.
Cette annonce s’inscrit dans un vaste programme de promotion de la fabrication additive en Corée, pour lequel 34 millions d’euros ont été réservés dans le budget national.
Pour fabriquer ces yeux, l’hôpital s’est associé à Carima, une entreprise coréenne spécialisée en fabrication par photopolymérisation (une lumière laser UV est projetée sur une résine liquide photosensible qui se durcit au contact de celle-ci. La lumière fabrique ainsi la pièce selon la forme souhaitée, couche par couche). L’hôpital qui estime à plus de 20 000 personnes le nombre de Coréens qui ont besoin d’une prothèse mais qui n’y ont pas accès, a prévu d’établir un réseau de consultation à distance pour fournir des yeux artificiels aux patients de toutes les régions du pays.
Des Anglais qui font de l’oeil
Des chercheurs britanniques de l’université de Newcastle ont annoncé fin mai avoir réussi à imprimer une cornée par fabrication additive grâce à une encre biologique comprenant à la fois le milieu de culture et les cellules souches. Ils peuvent même créer la cornée à la forme et à la taille du patient en scannant préalablement l’oeil du malade. Une véritable révolution si les tests in vivo valident ce procédé car il y a une constante pénurie de cornées disponibles pour les greffes et plus de 15 millions de personnes dans le monde sont en attente pour un tel soin. Les recherches ayant mené à cette validation du concept ont été publiées dans Experimental Eye Research.
Garder les kératocytes vivants
Côté machine, une simple imprimante 3D biologique de base suffit, tout réside dans la composition de l’encre : un gel combinant des alginates et du collagène qui garde les kératocyles (cellules souches de cornée) vivantes malgré le process d’impression et qui est suffisamment cohérent pour garder sa forme imprimée et suffisamment souple et liquide pour passer par la buse d’impression.
Cette encre s’appuie sur les travaux précédents de ce laboratoire qui avait réussi à préserver des cellules souches vivantes pendant plusieurs semaines à température ambiante grâce à un gel similaire. Une fois imprimée selon les spécifications du patient, ce qui prend moins de 10 minutes, la pré-cornée est prête pour être mise en culture : les cellules souches vont alors se multiplier sur toute la surface de la cornée imprimée, qui pourra ensuite être transplantée.
Cependant, ceci est juste la preuve du concept, il faudra encore plusieurs années avant que tous les tests in vivo soient validés et que cette technologie puisse être commercialisée.
Par Sophie Hoguin
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