Lorsque l’on parle d’hydrogène, le sujet de la mobilité électrique utilisant une pile à combustible arrive rapidement sur le tapis. Sur cette question, le projet Hyway est emblématique. Il consiste en un déploiement simultanée de véhicules à pile à combustible en flottes captives et de stations hydrogène. Dans ce cadre, 25 véhicules et une station sont déployés à Lyon, ainsi qu’à Grenoble. L’hydrogène utilisé est dans les stations est de l’hydrogène industriel produit par vaporeformage de gaz naturel, mais la deuxième phase du projet consistera à décarboner complètement la chaîne de production en produisant cet hydrogène par électrolyse de l’eau grâce à des énergies renouvelables.
Par ailleurs, la station de St Lô, la première ouverte en France, entraîne le développement de projets aux alentours, à Cherbourg, Caen, Le Havre… Le projet régional EAS-HyMob prévoit le déploiement de 15 stations supplémentaires dans la région entre 2016 et 2018. Il constitue le projet pilote de référence pour l’Europe afin de démontrer la faisabilité et analyser les conditions économiques de déploiement d’infrastructures et de véhicules à hydrogène. Au niveau national, 30 stations sont prévues d’ici fin 2016 pour alimenter plus de 1000 véhicules à hydrogène.
La région voisine, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie met à l’honneur le Power-to-gas pour produire de l’hydrogène « propre ». Des démonstrateurs en taille réelle voient le jour en France, notamment GRHYD à Dunkerque, mais aussi au sud du pays, à Fos-sur-Mer, avec Jupiter 1000.
Paris commence des expérimentations
La ville de Paris s’intéresse à l’hydrogène et lance deux initiatives notables. En décembre, la première société de taxis à hydrogène a été lancée : Hype. Composée d’une flotte de 5 taxis, l’objectif est d’atteindre 70 taxis à hydrogène fin 2016 et environ 600 dans 4 ans. Une station est installée au Pont de l’Alma et une dizaine devraient être déployées progressivement.
La ville s’est également dotée d’une flotte de 6 véhicules de type Kangoo ZE-H2 et d’une petite station hydrogène. Il s’agit de véhicules électriques à batterie dotés d’un système d’extension d’autonomie grâce à une pile à combustible de faible puissance. Ils bénéficient d’une autonomie de 300 km. La ville de Paris étudie aussi l’utilisation de bus hydrogène et attend des propositions de la part des industriels pour les 3.5, 19 et 26 tonnes.
La Poste teste le vélo à hydrogène
La société Pragma Industries a mis au point Alpha, un vélo électrique alimenté par une pile à combustible compacte. Il devrait arriver sur le marché au milieu de l’année, mais La Poste teste d’ores et déjà le vélo à hydrogène en Aquitaine. 12 vélos vont être testés : 4 vont commencer leur tournée et 8 autres devraient arriver début mai. L’intérêt est d’avoir une autonomie doublée et une recharge rapide, pour les tournées supérieures à 25 km. Si l’expérimentation s’avère concluante, la Poste envisage une trentaine de vélos hydrogène sur la région. Par ailleurs, 20 vélos de Pragma Industries vont être testés par les collectivités de Cherbourg et Saint Lô.
Terminons ce panorama de projets industriels par le projet Themis, en Région Rhones-Alpes. Lancé en 2014, il consiste à développer un système d’autonomie énergétique complète, pour la diffusion TV et les télécommunications en sites isolés non reliés au réseau. Themis produira 8 mégawattheures par an, sans recours aux énergies fossiles. L’antenne embarquera un système hybride de stockage de grande capacité et de longue durée des énergies renouvelables (solaire et éolienne) associant batteries et power to hydrogène. Les tests s’achèveront en juin 2016.
Plus proche du citoyen, l’hydrogène joue un rôle dans les équipements domestiques. La technologie la plus prometteuse est celle des chaudières fonctionnant avec une pile à combustible pour produire de l’électricité et de la chaleur. Après la catastrophe de Fukushima, plus de 100 000 unités ont été vendues au Japon. Par ailleurs, 15 000 en pré-séries ont été vendues en Allemagne. Elles devraient apparaître sur le marché français d’ici 1 ou 2 ans.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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