68. C’est le nombre de jours au bout desquels les hommes partis coloniser la planète rouge commenceront à mourir par manque d’air. Autant dire que l’établissement d’une base humaine sur Mars est voué à l’échec. Cette conclusion terrible pour les ambitions spatiales humaines découle de l’analyse des techniques existantes et la faisabilité de subvenir aux besoins des colons, d’un point de vue biologique comme technique. En effet, l’étude mise en ligne sur le site du MIT indique que les plantes prévues pour produire de l’oxygène en rejetteront en trop grande quantité, sans qu’il soit possible de réguler ce taux. De façon plus général, le modèle développé pour le projet Mars One repose sur l’utilisation des ressources in-situ (ISRU), dénoncé comme immature par les cinq auteurs. La production d’azote, d’oxygène et d’eau ne serait pas viable.
Autre écueil, la problématique des pièces de rechange. D’après ces travaux, il en faudrait une quantité astronomique pour maintenir le bon fonctionnement de la colonie. Au bout de 130 mois, elles représenteraient 62% de tout ce qui aura été envoyé depuis la Terre. De quoi exploser le budget de la mission puisque cela représente le recours à 15 lanceurs Falcon, pour la modique somme de 4,5 milliards de dollars. D’autant qu’à l’envoi de marchandise s’ajoute celui d’hommes, accroissant d’autant plus les dépenses.
Alors, enterrée Mars One ? Pas du tout. Bas Lansdorps, l’ingénieur néerlandais à l’initiative du premier projet de colonisation de Mars a réfuté les conclusions pessimistes des scientifiques du MIT, précisant que la technologie censée assurer la production d’oxygène existait bel et bien et était en cours de tests. En revanche, la gestion des pièces de rechange reste à préciser. Il y a fort à parier que Bas Lansdorps suivra de très près le fonctionnement de la première imprimante 3D acheminée à bord de l’ISS le mois dernier. Cette technologie pourrait bien être la solution miracle pour fabriquer in situ et en temps réel les pièces dont les colons auront besoin.
En attendant, le projet Mars One reste plus que jamais d’actualité. La campagne de recrutement ayant été un succès avec plus de 200 000 volontaires, le calendrier prévoit le lancement du premier module de stockage en janvier 2016. Avec à son bord 2500kg de nourriture et de matériel, le module arrivera à destination en octobre de la même année. S’ensuivront la recherche de l’endroit optimal pour établir la base, l’envoi de 5 autres modules en 2021, puis le départ de l’astronef avec 4 personnes à bord en septembre 2023.
Lire le rapport : dspace.mit.edu
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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