En 2010, ce ne sont pas 214 millions de tonnes métriques de méthane qui auraient été émises lors de l’extraction de la ressource, mais 144 millions, soit un taux de fuite 32% plus bas. Il est naturel que les compagnies gazières cherchent à réduire les émissions de méthane car elles constituent « de l’argent qui part en l’air » souligne Roger Pielke Jr, professeur en sciences environnementales à l’université du Colorado. Grâce aux retours d’expérience et aux progrès technologiques, le taux de fuite ne peut que tendre vers le bas.
Le débat sur le gaz de schiste divise profondément les écologistes aux Etats-Unis. Les nouvelles données du rapport de l’EPA constituent un « tremblement de terre » dans le débat sur l’exploitation de cette resource estime Michael Shellenberger, président du Breakthrough Institute, un think tank favorable à une écologie pragmatique et progressiste. « C’est une excellente nouvelle pour toute personne concernée par le changement climatique et une preuve solide que les technologies disponibles aujourd’hui peuvent être déployées pour réduire les fuites de méthane » ajoute l’expert.
Un avis non partagé par les partisans d’une écologie plus radicale comme par exemple Bill McKibbern, fondateur du mouvement « 350.org » : « Le gaz naturel n’est qu’un régime à la mode qui permet à un patient obèse de perdre quelques kilos jusqu’à ce que son poids se stabilise. Nous avons plutôt besoin d’un régime radical, plus difficile à mettre en œuvre ».
Le gaz de schiste solution pour réduire les émissions de GES ?
Force est de constater que le recours au gaz de schiste a permis aux USA de réduire leur dépendance vis-à-vis du charbon, très polluant, et de devenir le champion du monde de vitesse de réduction des émissions de CO2. Alors qu’en Europe, où des politiques climatiques très ambitieuses ont pourtant été mise en place mais où les responsables politiques sont hésitants concernant le gaz de schiste, les électriciens préfèrent faire tourner leurs centrales au charbon, dont le combustible est moins coûteux que le gaz sur le marché européen, entrainant une hausse inquiétante des émissions de CO2.
Non seulement la filière gaz de schiste permet aux USA de réduire les émissions de CO2 mais elle a conduit à la création massive d’emplois et a des répercussions positives sur de nombreux secteurs, dont l’industrie chimique fortement consommatrice en produits dérivés du gaz naturel.
La question de fond qui agite la sphère écologiste américaine est la suivante : est-il préférable d’opter pour une approche puriste et idéaliste de l’écologie mais qui ne fonctionne pas dans le monde réel, ou pour une approche moins pure mais qui fonctionne ?
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Les révisions de l’EPA ont des implications à l’échelle mondiale. L’agence américaine a annoncé que ces nouveaux résultats ont été transmis mi-avril 2013 au bureau de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). La diplomatie mise en place par l’équipe Obama mise lourdement sur le gaz de schiste, domaine qui attire fortement les pays asiatiques désireux de maintenir leur forte croissance économique, et où l’industrie américaine à une longueur d’avance en matière de savoir-faire technologique.
Les centrales au gaz naturel constituent un complément particulièrement pertinent pour les énergies renouvelables fluctuantes comme le solaire et l’éolien.
Par Olivier Daniélo
- En savoir plus : Le rapport « National Greenhouse Gas Emissions Data » de l’EPA
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