Démarrée en 1927 par le professeur Thomas Parnell à l’université du Queensland de Brisbane, en Australie, l’expérience de la goutte de poix avait pour but de montrer aux étudiants dudit professeur que la poix était un fluide de très haute viscosité, bien qu’elle semble être tout à fait solide et qu’elle puisse être cassante. N’importe quel liquide très visqueux semblant solide peut ici être considéré comme étant de la poix. Toujours en cours au sein de l’université australienne, cette expérience est la plus longue expérience en laboratoire, fonctionnant en continu, au monde.
Le protocole expérimental est relativement simple : le professeur Parnell a fait remplir un entonnoir (dont l’extrémité a été préalablement bouchée) avec du goudron chaud qu’il a laissé reposer trois ans, avant de retirer le bouchon de manière à ce que la poix puisse (ou non) s’écouler. Il aura fallu pas moins de huit ans pour que la première goutte ne tombe de l’entonnoir, et à peu près autant pour voir la seconde goutte tomber. L’expérience fut par la suite remisée dans un coin poussiéreux du laboratoire à la mort de Parnell, en 1954.
Réhabilitée et remise au goût du jour par John Mainstone (qui reçut le prix Ig Nobel pour cette expérience, ainsi que Thomas Parnell à titre posthume), l’expérience se déroule à température ambiante, bien que les conditions atmosphériques ne soient contrôlées que depuis 1988, année depuis laquelle la température est désormais stable. Les scientifiques estiment la viscosité de la poix de l’entonnoir à près de 230 milliards de fois celle de l’eau.
La huitième et dernière goutte est tombée le 28 novembre 2000 sans qu’aucun témoin ne puisse l’observer, le système de surveillance en continu par webcam étant alors tombé en panne. La neuvième goutte devrait tomber en 2013 ou 2014…
Par Moonzur Rahman