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L’Europe veut protéger ses communications sensibles grâce au quantique

Posté le par Philippe RICHARD dans Informatique et Numérique

Depuis 2019, les 27 États membres de l'UE travaillent au développement d’une infrastructure européenne de communication quantique (EuroQCI). C’est pour répondre à cet objectif que l'agence spatiale européenne (ESA), la Commission européenne et la SES (Société Européenne des Satellites) ont annoncé le développement d’un système de distribution de clés cryptographiques par satellite.

Le nerf de la guerre est l’information. Et en la matière, les amitiés officiellement annoncées par des États restent juste des déclarations diplomatiques. Il y a quelques années, WikiLeaks avait révélé que trois anciens présidents de la République française avaient été espionnés par les Américains. Une station d’écoute avait été installée au dernier étage de l’ambassade américaine à Paris.

Si différentes techniques sont employées par les agences de renseignement pour récupérer des informations sensibles, de nombreux États anticipent aussi de nouvelles parades. C’est le cas de l’Europe avec son initiative EuroQCI lancée en juin 2019. Objectif : construire une infrastructure de communication quantique sécurisée qui couvrira l’ensemble de l’UE, y compris ses territoires d’outre-mer d’ici 2027.

L’EuroQCI protégera les données sensibles et les infrastructures critiques en intégrant des systèmes quantiques dans les infrastructures de communication existantes, fournissant ainsi une couche de sécurité supplémentaire basée sur la physique quantique. Elle renforcera la protection des institutions gouvernementales européennes, de leurs centres de données, des hôpitaux, des réseaux d’énergie, etc.

L'Europe s'appuie sur ses satellites pour assurer ses communications sécurisées, EuroQCI, ESA-SES
Les satellites seront la pierre angulaire de l’infrastructure de communications sécurisées EuroQCI. Crédit: ESA/SES

Communications laser

L’EuroQCI comprendra un segment terrestre reposant sur des réseaux de communication en fibre optique reliant des sites stratégiques au niveau national et transfrontalier, et un segment spatial basé sur des satellites. Il reliera les réseaux nationaux de communication quantique à travers l’UE et assurera une couverture mondiale.

La communication par satellite commence à devenir concrète avec l’annonce par l’agence spatiale européenne (ESA), la Commission européenne et la SES (Société Européenne des Satellites, connue pour ses satellites dédiés à la TV, Astra) du développement d’un système de distribution de clés cryptographiques par satellite.

Le satellite Eagle-1 sera le premier système spatial de distribution de clés quantiques en Europe. Il devra démontrer la faisabilité du système de distribution quantique développé dans le cadre du programme Scylight (Secure and Laser communication technology) de l’ESA.

Les liaisons optiques présentent notamment l’avantage d’éviter les interférences et la détection. Par rapport aux fréquences radio déjà encombrées, la communication laser est extrêmement difficile à intercepter en raison d’un faisceau beaucoup plus étroit. Elles sont également capables de transporter des quantités de données bien plus importantes que les autres solutions.

Pesant environ 300 kg, l’appareil sera construit par la société italienne Sitael, et Tesat fournira les terminaux de communication optique. L’engin spatial fonctionnera sur une orbite héliosynchrone de 500 km, effectuant plusieurs vols par jour au-dessus de stations terrestres européennes, ce qui sera suffisant pour tester le système.

D’autres projets de satellites quantiques

Pour mettre en œuvre un système d’échange de clés cryptographiques très sécurisé, le consortium chargé d’Eagle-1 développera une charge utile QKD (Quantum Key Distribution), une station optique terrestre, des réseaux d’exploitation quantiques évolutifs et un système de gestion des clés pour interagir avec les infrastructures nationales QCI (Quantum Communications Infrastructure). Le lancement du système est prévu en 2024 pour une mission de trois ans, les tests devant être effectués d’ici 2025.

Le coût du programme, y compris le satellite et les systèmes au sol, est d’environ 130 millions d’euros. Huit pays membres de l’ESA – Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, République tchèque et Suisse – contribueront au projet, avec le soutien de la Commission européenne.

L’Europe n’est pas la seule à tester ce type d’infrastructure. En 2016, la Chine avait lancé un satellite appelé Micius, présenté par les médias d’État chinois comme le premier satellite quantique au monde.

D’autres projets sont également annoncés. La start-up singapourienne SpeQtral prévoit de déployer son premier satellite quantique en orbite basse en 2024. En septembre dernier, elle a signé un accord pour utiliser les services au sol de Thales Alenia Space. Parallèlement, Virgin Orbit devrait lancer l’année prochaine les premiers satellites LEO pour la société britannique Arqit, spécialisée dans le cryptage des technologies quantiques.

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