Les technologies quantiques sont perçues comme un moteur clé de l’avenir économique et offrent des avantages majeurs dans divers secteurs industriels. Mais encore faut-il « soutenir la prise de risque qui n’est pas assez présente dans la culture européenne », rappelait il y a un peu plus d’un an Herbert Zeisel, directeur général adjoint à la recherche pour la souveraineté technologique et l’innovation au ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la Recherche.
La recherche seule ne fera pas de l’Europe un acteur majeur du quantique. « Plus on fera des allers-retours entre excellence académique et besoins industriels, plus on avancera et plus on renforcera la capacité européenne », insistait à la même époque François Jacq, administrateur général du CEA.
Aujourd’hui, l’Europe franchit une nouvelle étape avec cette déclaration qui ambitionne d’harmoniser les efforts de recherche dans le domaine des technologies quantiques. L’objectif ? La positionner en tant que leader mondial dans ce domaine. Ni plus ni moins !
Un avantage compétitif
Le vieux continent se rêve d’être la « vallée quantique » du monde. En devenant la première région mondiale pour l’excellence et l’innovation quantiques, l’UE pourrait attirer des investissements et des talents, même si plus de 5 000 scientifiques travaillent sur le quantique en Europe. La France en compte déjà quelques belles pépites comme Pasqal, la start up cofondée par le Prix Nobel de physique Alain Aspect, Siquance[1] ou Quandela[2].
Certes, ces ordinateurs quantiques sont encore loin d’être capables de prendre le relais de machines classiques. Mais ils devraient jouer un rôle essentiel dans la compétitivité industrielle future. Leur potentiel d’impact sur l’économie et la société est considérable. Par exemple, ces technologies pourraient accélérer le diagnostic médical en permettant d’observer l’intérieur des cellules plus rapidement. De plus, elles pourraient offrir des solutions de cryptage inviolables pour sécuriser les informations sensibles.
Être en mesure de développer et d’adopter ces technologies en premier lieu conférera un avantage compétitif considérable aux pays et aux entreprises qui réussissent dans ce domaine. Les pays de l’UE qui investissent dans les technologies quantiques et développent des stratégies nationales à cet égard se préparent à saisir ces opportunités. Les initiatives nationales, telles que celles de l’Allemagne, de la France, des Pays-Bas, du Danemark et de l’Irlande, montrent un engagement fort envers le développement des technologies quantiques. L’année dernière, la France a lancé sa stratégie nationale de recherche et de développement quantique, dotée d’un budget de 150 millions d’euros sur cinq ans, jusqu’en 2027.
« L’Europe court après de nouvelles technologies qui ne sont pas matures, qui sont très intégrées dans un discours idéologique. Résultat, elles bénéficient d’importants plans de financement, sans que nous sachions précisément ce qu’on pourrait en faire », prévient Ophélie Coelho, chercheuse spécialisée en géopolitique du numérique et membre du Conseil scientifique de l’Institut Rousseau.
[1] Siquance, spécialisée dans le calcul intensif, est devenu Quobly, toujours située à Grenoble
[2] Quandela est spécialisée dans la photonique quantique
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