Le scandale de la viande de bœuf remplacée par du cheval n’en finit plus de prendre de l’ampleur. Des lasagnes au cheval. Voilà un met qui aurait pu séduire les amateurs de viande chevaline, si ce n’était qu’il s’agissait d’une fraude d’envergure européenne !
Tout commence en Irlande du nord, où un inspecteur sanitaire détecte un problème d’étiquetage sur un stock de viandes surgelées. Une enquête est menée et établie trois mois plus tard que des steaks hachés, censés être du bœuf, contiennent en fait de la viande de cheval. Soit. La viande est tout à fait consommable, l’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais l’invasion du cheval ne se limite pas aux terres irlandaises.
Alertées, plusieurs usines agroalimentaires des autres pays européens procèdent à des tests ADN. C’est la stupeur. La viande de cheval est retrouvée en lieu et place de viande de bœuf dans des dizaines de plats surgelés. A ce jour, ce sont huit pays européens qui sont touchés, dont la France.
D’après l’enquête conduite par la répression des fraudes, la société Spanghero, elle-même approvisionnée par une filière roumaine, aurait revendu sciemment du cheval à la place de bœuf à la société Comigel, fabriquant de plats surgelés pour Findus. Spanghero aurait ainsi écoulé 750 tonnes de cheval, dont 550 vendues à Comigel pour la préparation de 4.5 millions de plats vendus au travers de 13 pays européens.
Hachis parmentiers, lasagnes, raviolis, pizzas, autant de plats retirés des rayons. Parmi les grands noms de l’agroalimentaire touchés aux côtés de Findus, on retrouve Picard et Nestlé.
A ce jour, trois filières ont été découvertes : la première en Irlande, la deuxième en France et la troisième au Royaume-Uni. Il se pourrait d’ailleurs que cela soit l’arbre qui cache la forêt, d’autres arnaques concernant la viande de cheval existent peut-être encore. En causes des conditions peu favorables aux chevaux. Avec la crise, de nombreux propriétaires ne peuvent plus supporter les coûts pour garder leurs animaux et doivent s’en séparer.
Or, les envoyer à l’abattoir rapporte quelques centaines d’euros alors qu’il faut payer pour les incinérer. Pas étonnant que les abattoirs s’occupent de plus en plus de chevaux, dont la viande coûte de moins en moins chère. D’après nos confrères du journal Le Monde, la viande chevaline serait vendue deux fois moins chères que celle de bœuf par un abattoir roumain. La tentation a été trop grande pour certains qui n’ont pas hésité à faire passer du cheval pour du bœuf.
Aujourd’hui encore, les autorités sanitaires roumaines viennent de découvrir un lot de 100kg de viande de cheval étiquetée comme étant du bœuf !
Rappelons tout de même que la sécurité alimentaire n’est pas mise en cause et qu’il s’agit d’une fraude économique, non d’un scandale sanitaire. Même si la sensibilité des consommateurs européens a été ébranlée.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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