La Commission européenne a dévoilé début février sa stratégie de gestion industrielle du carbone pour capter, stocker et utiliser le CO2. Elle vise notamment à définir le cadre réglementaire et d’investissement pour accélérer le déploiement de ces technologies et créer un marché unique du CO2 en Europe.
En décembre 2023, la COP28 a ouvert la voie aux technologies de captage et de stockage de carbone pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Afin d’arriver à la COP30 au Brésil en 2025 avec un engagement climatique renforcé, l’Europe compte adopter un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2040. Les 27 pays de l’UE visent déjà une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990, en vue d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Mardi 6 février 2024, la Commission a recommandé un nouvel objectif intermédiaire pour 2040, visant une réduction de 90 % des émissions à cet horizon par rapport à 1990. Il reviendra à la prochaine Commission, constituée à l’automne après les élections européennes, de soumettre une proposition législative formelle aux États et eurodéputés. Le même jour, le Parlement européen et le Conseil sont parvenus à un accord politique sur le règlement pour une industrie « zéro net ». Et la Commission a adopté une stratégie de gestion industrielle du carbone pour capter, stocker et utiliser le CO2.
Capter, stocker et utiliser le CO2
L’UE veut développer le captage et le stockage géologique du CO2, l’absorption directe du CO2 atmosphérique, ainsi que le captage et l’utilisation du CO2 dans la fabrication de produits de construction, de produits chimiques ou de combustibles synthétiques. Le règlement pour une industrie « zéro net » vise le développement d’une capacité de stockage de CO2 d’au moins 50 millions de tonnes par an d’ici 2030. C’est l’équivalent des émissions annuelles de la Suède en 2022.
Si l’objectif de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre est retenu pour 2040, la Commission européenne estime qu’il faudra capter environ 280 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2040 et environ 450 millions de tonnes par an d’ici 2050. 450 millions de tonnes de CO2, c’est l’équivalent des émissions annuelles de la France en 2015. Il faudra en plus absorber du CO2 de l’atmosphère.
La stratégie de gestion industrielle du carbone vise à fixer un cadre réglementaire et d’investissement pour accélérer leur déploiement et créer un marché unique du CO2 en Europe. « Cette stratégie devrait catalyser des actions et financements coordonnés », afin de « surmonter les obstacles techniques, réglementaires et économiques » pour construire un réseau européen de transport de CO2, analyse Toby Lockwood, du think-tank Clean Air Task Force.
Construire une infrastructure du CO2
Pour développer ces technologies, une infrastructure de transport de CO2 sera en effet indispensable. Car le CO2 capté n’est pas toujours utilisé ou stocké directement sur le lieu de captage. « Le transport du CO2 peut s’effectuer par gazoduc, bateau, train ou camion », rappelle la Commission, qui va entamer des travaux préparatoires sur un éventuel futur paquet de mesures réglementaires sur le sujet.
Dans cette perspective, le Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne a réalisé une modélisation sur les besoins et le coût de cette infrastructure de transport de CO2. Le réseau pourrait ainsi atteindre 7 300 km en 2030, 19 000 km en 2050. Son déploiement pourrait coûter jusqu’à 19,5 milliards d’euros d’ici à 2030, 23,1 milliards d’euros en 2050.
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