Malgré la crise énergétique, le recours au charbon n’a augmenté que de 7% en 2022. Pour la première fois, l’éolien et le solaire ont généré ensemble plus d’électricité que le gaz dans l’Union européenne, selon le panorama européen 2022 de l’électricité publié par le groupe de réflexion Ember.
Le mix énergétique européen a affronté une triple crise en 2022. Alors que l’Europe s’efforçait de rompre ses liens avec la Russie, son premier fournisseur de gaz, elle était confrontée à des niveaux de production d’hydroélectricité et d’électricité nucléaire les plus bas depuis au moins deux décennies. En cause notamment : la sécheresse, et des arrêts inattendus du parc nucléaire français.
Alors que la demande totale en électricité sur l’année au niveau européen s’élève à 2 809 térawattheures (TWh), le déficit de production pour ces deux sources d’électricité atteignait 185 TWh (119 TWh pour le nucléaire, 66 TWh pour l’hydraulique), soit près de 7 % de la demande. Ce déficit a été contrebalancé à près de 82 % par la hausse de la production solaire, éolienne et la baisse de la consommation, à 18 % par un recours accru au charbon et au gaz, selon le panorama européen 2022 de l’électricité publié par le groupe de réflexion Ember.
Un déficit contrebalancé avant tout par les ENR et la sobriété
La croissance record de l’éolien et du solaire, accompagnée d’une baisse significative de la consommation, a joué un rôle important. La production solaire a en effet augmenté de 39 TWh (+24 %) en 2022, soit près du double de son précédent record. La production éolienne a pour sa part augmenté de 33 TWh (+8,6 %). Sur l’année, la demande d’électricité a baissé de 79 TWh, dont une baisse de 56 TWh au dernier trimestre 2022. La douceur de l’hiver et les mesures de sobriété ont particulièrement participé à l’atteinte de ces résultats.
Ces mesures ont permis d’éviter un retour en force du charbon. Sur l’année, la hausse de la production de charbon est limitée à 7 % (+28 TWh). Plus surprenant, la production de gaz a aussi augmenté de 0,8 % (+5 TWh). Ensemble, le renforcement de ces deux énergies fossiles finit donc de contrebalancer la baisse de la production nucléaire et hydroélectrique.
Éviter un retour en force du charbon
La reprise de l’utilisation du charbon s’est arrêtée sur les quatre derniers mois de l’année. La production au charbon a alors diminué de 6 % (-9,6 TWh) de septembre à décembre 2022 par rapport aux mêmes mois en 2021, grâce à la réduction de la demande pour l’essentiel et les conditions climatiques. « Toute crainte d’un rebond du charbon a maintenant disparu », se félicite Dave Jones, responsable des données chez Ember. Le recours temporaire accru au charbon a tout de même entraîné une hausse de 3,9 % des émissions du secteur électrique européen sur l’année, pour s’établir à 712 millions de tonnes de CO2.
« Cette tendance devrait changer radicalement au cours de l’année à venir », prévient Ember. Grâce au rebond de l’hydraulique, le retour de la disponibilité du parc nucléaire français, et l’accélération à venir des déploiements d’éolien et de solaire, Ember prévoit une chute record de la production d’électricité à base d’énergies fossiles en 2023 dans l’UE (-211 TWh). Alors que la production à base d’énergies fossiles a augmenté de 3 % en 2022, elle pourrait baisser de 20 % en 2023, soit le double du record établi en 2020.
En 2022, le mix électrique européen était de 22 % de nucléaire, 20 % de gaz, 16 % de charbon, 15 % d’éolien, 10 % d’hydroélectricité, 7,3 % de solaire, 6 % de bioénergies, 3,6 % d’autres énergies fossiles et 0,2 % d’autres énergies renouvelables.
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