La hausse des prix, que ce soit en termes d’énergie ou de matières premières, impacte de plus en plus l’ensemble du tissu industriel français. Alors que de nombreux salariés réclament d’ici à la fin de l’année des hausses de salaires pour contrecarrer l’inflation galopante, la problématique énergétique vient de faire passer ces désirs au second plan. En effet, nombre d’entreprises industrielles se trouvent aujourd’hui dans des situations intenables. C’est le cas de l’usine Ascometal de Fos par exemple, qui prévoit un coût annuel de l’électricité passant de 7 à 80 millions d’euros, entre 2022 et 2023. Une hausse exponentielle, ingérable pour l’entreprise qui, pour pallier cette situation, a décidé de stopper son activité durant quelques mois. Les exemples tels que celui-ci sont nombreux. Les entreprises Duralex (production de verre), l’aciérie Aperam, ont par exemple pris des mesures similaires pour assurer la survie de leurs outils de production. Evidemment, les employés de ces entreprises vont voir leurs salaires diminuer, dans une période inflationniste qui risque rapidement de tendre les rapports sociaux, dans l’hexagone mais aussi sur l’ensemble du continent.
Les exemples d’entreprises industrielles contraintes d’arrêter provisoirement leurs outils de production sont nombreux au sein de l’hexagone, mais aussi dans toute l’Europe. C’est pourquoi les gouvernements, mais aussi l’Union Européenne interviennent, pour soutenir financièrement les secteurs d’activité dans l’impossibilité d’absorber cette hausse des prix de l’énergie, et pour proposer des solutions à court moyen terme permettant de surmonter cette crise. Notamment en se défaisant de la dépendance européenne au gaz russe.
En France, l’Etat, après avoir réuni les partenaires sociaux, a mis en place différentes mesures pour protéger au mieux les entreprises face aux hausses tarifaires. Ces mesures, dont certaines ont été mises en place dès la fin de l’année 2021 sont adaptées dans le temps et selon la taille des entreprises, soulagent déjà plusieurs secteurs en crise. Il faut souligner que ces mesures s’inscrivent pour la plupart dans le prolongement de négociations menées au niveau européen, pour harmoniser ces aides à l’échelle du continent.
Pour les très petites entreprises, le bouclier tarifaire est maintenu jusqu’à la fin de l’année 2022, et sera remis en place pour limiter les hausses des tarifs réglementés de la vente d’électricité à 15% pour l’année à venir. Aussi, pour les TPE (et les PME) qui consomment le plus d’énergie de part la nature de leur activité, le principe d’”amortissement électricité”, à partir du début 2023, verra l’Etat prendre en charge une partie de la facture énergétique contractée par les entreprises concernées. Enfin, comme pour les ETI, le principe du guichet unique, pour les entreprises très énergivores, leur permettra de bénéficier directement de montants importants pour supporter la hausse des tarifs.
Pour les entreprises de taille intermédiaires et les grandes entreprises, la mise en place du guichet unique pour le gaz et l’électricité est reconduite jusqu’à la fin de l’année 2022, avec un critère simplifié : cette aide concerne les entreprises dont la facture énergétique se chiffre à au moins 3% du chiffre d’affaires, et qui ont vu le montant de cette facture doubler cette année. Le montant de ces aides à d’ailleurs été doublé pour atteindre réellement ses objectifs.
Enfin, les entreprises énergo-intensives : elles ne sont pas très nombreuses mais leur consommation énergétique est extrêmement importante. Pour ces dernières, l’Etat a mis en place des aides pouvant aller jusqu’à 150 millions d’euros, selon le type d’activité et la facture énergétique propre à l’entreprise.
Ces aides, qui ont été révisées à la hausse au mois de septembre suite à la demande de nombreuses entreprises, qui les estimaient mal proportionnées et inefficaces, font encore aujourd’hui l’objet de débats sur leur utilité, et sur leur montant.
Ainsi, l’Allemagne, qui vient de débloquer 200 milliards d’euros pour aider les entreprises germaniques en difficulté, fait des jaloux : les autres États membres soulignent une initiative unilatérale de l’Allemagne, alors que le Conseil Européen s’échine à proposer une réponse collective à ces hausses tarifaires. Le montant des aides accordées à l’industrie allemande fait aussi tiquer, côté français notamment, où l’on qualifie la démarche de concurrence déloyale. Crise énergétique ou pas, la guerre commerciale se poursuit en Europe.
Par Pierre Thouverez
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