Globalement reconduite dans ses budgets à l’occasion de la réunion ministérielle de ses membres à Lucerne début décembre 2016, l’agence spatiale européenne (Esa) a toujours de nombreux programmes en cours dont certains devraient faire l’actualité tout au long de l’année 2017. Que ce soit dans le domaine de l’observation de la Terre, des télécommunications ou de l’exploration spatiale. Mais, d’un point de vue stratégique, l’Esa vise surtout à s’intégrer dans le nouvel environnement du secteur spatial qui s’annonce: un nouveau terrain de jeu où les acteurs se multiplient et se diversifient (entreprises privées, nouvelles puissances économiques, participation des citoyens etc.) au sein d’un espace digitalisé et global. Un nouvel âge que l’Esa qualifie de Space 4.0 en résonance avec le concept en vogue d’industrie 4.0.
Les PPP ont une place au soleil
Au centre de ce nouvel axe de développement stratégique,un encouragement fort aux partenariats publics-privés (PPP) a expliqué Jan Woermer, le directeur général de l’Esa. Mais aussi une ouverture à des coopérations plus larges et plus diverses: pays hors UE, universités, acteurs privés ou institutionnels du secteur spatial ou non auprès desquels l’Esa pourrait jouer des rôles différents selon les projets (coordination, organisation, financement ou simple facilitateur ou soutien technique etc.).
Pour assurer son entrée dans l’ère Space 4.0, l’Esa travaille aussi sur la gestion de ses données : stockage, conservation, mode de partage, ergonomie d’accès… Objectif: offrir un espace de Big Data contenant des informations commercialisables.
De Galileo à SmallGEO
Depuis mi-décembre 2016, le système de navigation européen Galileo est officiellement opérationnel. Malgré des dysfonctionnements apparus sur une dizaine d’horloge équipant certains satellites, la bonne marche du système est garantie a assuré le directeur général. Selon ce que révèlera l’enquête en cours, des changements pourraient intervenir dans la suite du programme.
En matière de télécommunication, le premier événement marquant interviendra dès le 28 janvier prochain avec le lancement d’Hispasat 36W-1. Ce satellite commercial de télécommunication espagnol sera le premier à utiliser la plateforme européenne polyvalente géostationnaire SmallGEO. Issu d’un partenariat public-privé entre l’Esa, Hispasat, OHB System, et le DLR (centre aérospatial allemand), cette mise en service doit prouver que l’Europe peut jouer un rôle significatif sur ce marché compétitif.
Par ailleurs, même si le programme GlobeNet (extension du programme de relais de données utilisant le laser – EDRS) n’a pas réussi à boucler la totalité de son budget, le deuxième noeud EDRS devrait être lancé par Ariane 5 au dernier trimestre 2017 (voir cet article http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/le-laser-sinstalle-dans-les-communications-par-satellite-31618/).
La Terre, scrutée sous tous les vents
2017 verra plusieurs lancement de satellites Sentinelle (2B, 5P, 3B) qui viendront compléter la constellation du programme Copernicus d’observation de la Terre. Premier lancement prévu le 7 mars. En fin d’année, le lancement attendu est celui d’ADM Aeolus. Ce satellite sera le premier au monde à fournir quotidiennement des profils de vent à l’échelle du globe. Des données utiles pour le climat et pour le suivi de la pollution.
Exploration: de la Lune à Mercure
L’Esa devrait logiquement poursuivre sa coopération avec la Nasa sur la station spatiale internationale d’où reviendra le français Thomas Pesquet et où sera envoyé l’italien Paolo Nesposi. Côté exploration, une conférence internationale présentera BepiColombo, la mission conjointe avec les japonais à destination de Mercure (lancement programmé pour fin 2018) et un centre de simulation de l’environnement lunaire devrait être inauguré à Cologne au deuxième semestre. Il s’inscrit dans le concept de “village lunaire” développé par l’Esa. Jan Woermer a ainsi expliqué que ce concept recouvre aujourd’hui le regroupement de plusieurs intérêts (activités minières, astronomie, transport de charges…) mais ne s’inscrit dans aucun programme. Il s’agit plutôt d’une initiative ouverte à toutes les parties prenantes intéressées et pour laquelle l’Esa se place en coordonnateur et facilitateur.
Sophie Hoguin
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