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Les voitures autonomes menacent les centres-villes

Posté le 22 octobre 2019
par Matthieu Combe
dans Environnement

Selon une nouvelle étude de l’ONG Transport & Environnement (T & E), le trafic dans les villes européennes pourrait fortement se développer avec l’avènement du véhicule autonome. Une mauvaise nouvelle pour le climat.

Le développement non contrôlé des voitures autonomes pourrait augmenter considérablement les embouteillages dans les villes européennes. Sans réglementation, le trafic pourrait augmenter de 50 % à 150 %. Cela entraînerait une hausse des émissions de CO2 dû aux voitures de 40 % d’ici 2050. Cette envolée enterrerait la possibilité d’atteindre les  objectifs climatiques européens.

Dans son nouveau rapport, l’ONG Transport & Environnement prédit une réduction drastique des prix des véhicules autonomes. De plus en plus confortables et de moins en moins chers, ces véhicules rouleraient davantage et gagneraient des parts de marché sur les transports en commun et les déplacements en vélo.

Réglementer les applications sans chauffeur

En ligne de mire de la Fédération européenne pour le transport et l’environnement se trouvent en particulier les applications, telles que Uber. En pilotant des services de véhicules automatisés, elles encourageront de nouveaux trajets et conduiront à davantage de kilomètres parcourus, augmentant les émissions et aggravant la congestion. Lorsque les voitures actuellement avec chauffeur seront automatisées, les tarifs pourraient chuter de plus de 50%. Alors, la demande se multipliera.

« Nous avons un besoin urgent de politiques garantissant que tous les véhicules de type taxis et autobus opérant dans les grandes villes n’émettent pas d’émissions d’ici 2025, avec des incitations pour les trajets partagés et une réduction progressive des places de stationnement disponibles pour les voitures particulières », prévient Yoann Le Petit, nouvel expert en mobilité chez T & E

Réduire la place de la voiture en ville

Des solutions existent pour contrer ce funeste destin. Les experts incitent les villes à refuser l’accès des centres villes aux voitures autonomes thermiques. Ils proposent de réduire progressivement l’espace dédié aux voitures et déployer en parallèle des voitures électriques partagées et autonomes. Cela pourrait réduire la congestion des villes de 60%.

Au programme : la réduction des places de stationnement, des routes plus étroites, moins de voies réservées aux voitures. Mais aussi l’amélioration des transports en commun et la mise en place de plans de circulation pour réguler les flux de voitures privées dans les villes. Ce changement dans la planification urbaine, associé au passage à des véhicules zéro émission, permettrait de se mettre sur la voie d’une décarbonisation des transports d’ici 2050.

« L’automatisation, l’électrification et le partage sont trois révolutions qui peuvent transformer notre façon de nous déplacer, analyse Yoann Le Petit. Mais, que ce soit une bonne chose pour l’environnement ou pour la qualité de vie de nos villes dépend entièrement des choix que font les gouvernements ». Avant d’ajouter : « Si nous voulons une mobilité durable, nous devons interdire les voitures sans conducteur équipées de moteurs à combustion et réduire progressivement l’espace disponible dans les villes pour les voitures. »


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