En juillet, la Chine a vendu plus de véhicules électriques ou hybrides que de véhicules thermiques. Une percée inédite qui contraste fortement avec la situation que nous vivons actuellement en Europe. L’Agence internationale de l'énergie (AIE), estime que sur l’année 2024, la part de marché des voitures électriques et hybrides rechargeables atteindra 45% en Chine, contre 25% en Europe et seulement 11% aux États-Unis.
La Chine est particulièrement active sur le marché de l’électrique et les dizaines de marques chinoises qui sont récemment apparues commencent sérieusement à faire de l’ombre aux constructeurs étrangers, dont Tesla. Et le ralentissement économique que connaît le pays en ce moment ne semble pas inverser cette tendance, la concurrence entre constructeurs et les subventions accordées cette année par l’État ayant tendance à faire baisser le prix d’achat des véhicules.
La part de marché de l’électrique recule dans l’UE
Contrairement à ce qui se passe en Chine, la vente de véhicules électriques semble marquer un coup d’arrêt en Europe, après trois ans de croissance. Et la situation en Allemagne y est pour beaucoup.
En effet, l’Allemagne demeure le premier marché automobile de l’UE avec 2,8 millions de véhicules immatriculés en 2023. Or, le pays a décidé de supprimer les aides à l’achat pour les voitures électriques, pour des raisons économiques, l’Allemagne n’arrivant pas à boucler son budget.
Pour le marché automobile européen et pour les constructeurs, ce revirement politique a des conséquences directes. Selon un rapport récent, 100 000 voitures électriques (provenant aussi bien de constructeurs allemands que de l’import !) seraient actuellement entassées sur des parkings en Allemagne.
Le moteur thermique, pas totalement enterré dans l’UE après 2035
Cette situation peut laisser perplexe, alors que la fin des moteurs thermiques en Europe est toujours prévue pour 2035 ! Mais il faut dire que depuis qu’elle a été annoncée, en 2022, la mort programmée des véhicules thermiques est loin de faire l’unanimité. C’est même un très fort sujet de controverse, cette marche forcée vers le tout électrique étant critiquée par de nombreux experts et bien entendu par les constructeurs eux-mêmes.
Malgré les polémiques, Ursula von der Leyen a néanmoins décidé de maintenir cet objectif de 100 % de voitures neuves « zéro émission » en 2035. En revanche, une promesse a été faite, dans une volonté d’apaisement : accompagner la nouvelle loi « de textes réglementaires autorisant les moteurs thermiques fonctionnant avec des carburants synthétiques (e-fuels) ».
Car, il faut préciser que la loi n’a jamais fait mention d’une interdiction des moteurs thermiques. Elle interdit simplement aux véhicules neufs d’émettre du CO2. Les moteurs pourront donc, en théorie, rouler au carburant de synthèse, à condition que des carburants 100 % neutres en carbone soient disponibles en 2035, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Par ailleurs, ces carburants de synthèse sont coûteux à produire et leur impact environnemental est loin d’être neutre. Leur usage sera donc probablement limité aux véhicules de luxe et aux plus riches, Porsche ayant déjà inauguré sa première usine de production d’e-fuel en 2022.
Un boom des modèles hybrides
La technologie hybride, en revanche, est particulièrement populaire, aussi bien en Chine qu’en Europe, et certains y voient l’avenir de la motorisation électrique. Il faut dire que pour les utilisateurs, l’hybride est un compromis intéressant, puisqu’elle permet d’économiser de 20 % à 30 % de carburant et de bénéficier des avantages de l’électrique (couple au démarrage), sans en subir les inconvénients (autonomie).
En Chine, 945 000 modèles hybrides ont ainsi été vendus rien que sur le mois de juillet 2024 contre 505 000 véhicules 100 % électriques. Pour ce qui est de la France, si la vente de véhicules 100 % électriques patine, les acheteurs semblent aussi se tourner vers les motorisations hybrides. Cette tendance s’observe également dans le reste de l’Europe puisque les ventes d’hybrides simples ont bondi de 22,3 % entre janvier et juin 2024.
L’avenir de la mobilité est incertain
Est-il vraiment réaliste d’imaginer un avenir sans moteur thermique ? La résistance actuelle du marché et la popularité des moteurs hybrides sont peut-être le signe que non. D’un autre côté, la baisse du prix des véhicules électriques qui se profile va certainement changer la donne – en Chine les voitures électriques coûtent déjà moins cher que les modèles thermiques – et l’électrique va bien finir par réaliser une percée durable. Quoi qu’il en soit, l’avenir de l’automobile semble incertain, notamment en Europe.
Par ailleurs, comme le rappelle l’ADEME dans son avis concernant l’électrification massive du marché des véhicules particuliers, la mobilité n’est pas qu’une question de motorisation et le passage à l’électrique n’est pas un simple changement de carburant. Il est tout aussi important de repenser nos modes de déplacement, notamment en privilégiant des solutions alternatives pour les trajets longue distance.
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