Le transport par câble urbain se développe dans le monde : en moins de 10 ans, plus de 30 téléphériques urbains ont été construits dans le monde. Londres, Barcelone, Istanbul et New-York l’ont déjà adopté. En France, plusieurs villes ou départements développent des projets plus ou moins aboutis : Brest, Toulouse, Grenoble, Toulouse et le Val-de-Marne en tête !
Le transport par câble aérien intéresse particulièrement les collectivités pour franchir les obstacles naturels ou les infrastructures urbaines. C’est notamment le cas pour survoler les cours d’eau, les autoroutes, les voies ferrées ou d’importants dénivelés. Les retours d’expérience internationaux confirment les performances en ville de ces ouvrages qui offrent un niveau de service comparable au métro ou au tramway. Par ailleurs, ils séduisent grâce à une faible durée de chantier comparée à celui d’une ligne de métro ou de tramway.
Les collectivités intègrent désormais ce mode dans l’éventail des transports en commun en milieu urbain. Des territoires lancent des réflexions sur des implantations possibles. Dans le cadre de l’appel à projets 2013 « Transports collectifs et mobilité durable » (un engagement de l’Etat pour subventionner des projets en milieu urbain, hors Ile-de-France) plusieurs projets de transport aérien par câble ont été proposés. L’objectif est de promouvoir et de banaliser ce mode, l’adapter en fonction des topologies urbaines et l’intégrer dans la multi-modalité.
Des inconnues demeurent sur les coûts
Les coûts présentent encore certaines inconnues, puisqu’il n’y a pas encore de précédent en France et donc peu de données disponibles ou exploitables en zone urbaine. Ils sont différents de ceux observés en zone de montagne, puisque les conditions d’insertion des stations dans le tissu urbain sont très différentes : emprise foncière, conception spécifique pour les stations et les pylônes, nuisances sonores et visuelles, période d’ouverture du service élargie, organisation des équipes, de la maintenance, convention collective différente, prise en compte du risque incendie, etc. De plus, pour qu’un téléphérique soit compétitif et présente un intérêt, le nombre de stations doit être limité et donc « il faut avoir des paquets d’urbanisation à desservir au pied des stations », note Laurence Debrincat, responsable de la division études générales du STIF.
Des études restent encore à lancer : une comparaison raisonnée avec d’autres modes de franchissement : câble terrestre ou ouvrage d’art, l’absorption de débits entrants importants par les différents types de systèmes à câble, notamment lors de l’arrivée en masse de clients et les conditions d’exploitation en milieu urbain en France métropolitaine dans le contexte réglementaire actuel.
Des projets français prêts pour la concertation publique
À l’occasion du colloque « Transport par câble aérien en milieu urbain », organisé par Conseil général du Val de Marne le 1er octobre 2013, plusieurs projets français ont été présentés. Le projet brestois est le plus abouti et devrait être le premier téléphérique urbain avec une mise en route en 2015. Pour un montant d’environ 15 millions d’euros et une ligne de 460 mètres, il prévoit le franchissement de la base navale située en plein centre de Brest. Chaque cabine serait disposée sur deux câbles à la fois porteur et tracteur. La concertation publique a eu lieu fin 2012 et il y a eu très peu d’opposition au projet. Le projet entre en phase opérationnelle : 5 candidatures ont été reçues pour réaliser le projet d’une dizaine de cabines.
À Toulouse, le Projet AéroTram est un système à trois câbles comprenant un tracé de 2,6 km. Dans ce type de système, le soutien des cabines est assuré grâce à 2 câbles porteurs et c’est un troisième câble qui trace la structure. L’enjeu est de relier trois pôles d’activités majeurs : l’Oncopole, le CHU de Rangueil et l’Université Paul Sabatier, en franchissant les deux rives de la Garonne et un dénivelé de 100 m. Le budget est de 44 millions d’euros pour une mise en service prévue en 2017.
Le département du Val-de-Marne porte un projet reliant Créteil, Limeil-Brévannes, Valenton et Villeneuve-Saint-Georges et permettant de désenclaver ces territoires pour un investissement estimé à 70 millions d’euros. Grâce à une ligne de 4,4 km de long, il permettra de survoler d’importantes coupures urbaines : voies ferrées, gare de triage, RN 406, entrepôts, lignes à haute tension, etc. Avec 60 cabines de 15 places chacune, il pourrait accueillir 13 000 visiteurs par jour. La consultation publique s’ouvre ce mois-ci, les travaux devraient commencer en 2016 pour une mise en service en 2018. Quand le Téléval aura montré son efficacité, il devrait faire des petits en Ile-de-France !
Enfin, deux projets sont à l’étude à Grenoble. Le premier, de 10 km de long, vise à relier la ville à la montagne grâce à une technologie télécabine monocâble. Son tracé part du terminus du tram A de Grenoble (La Poya), comprend une station dans la ville de St Nizier et finit à Lans-en-Vercors. Aujourd’hui, le projet est estimé à environ 60 millions d’euros. Le deuxième projet de la ville est plus urbain et est indispensable dans le cadre du développement nord-ouest de la ville. Il reliera les 3 lignes de tram. « Dans cette vallée, il y a deux rivières, une voie ferrée et deux autoroutes : il faut franchir toutes ces coupures », explique Michel Gilbert, Chef de projet transport par câble à la Direction de la mobilité et des transports du SMTC-Grenoble Alpes Métropole.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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