Les technologies quantiques n’en sont encore qu’à leurs débuts. Mais les investisseurs sont d’ores et déjà convaincus par les promesses du quantique. Résultat, les fonds levés par les start-up, tant en France qu’à travers le monde, grimpent en flèche selon une étude de l’institut d’études privé Xerfi.
Cependant, « les organisations en sont encore au stade des proofs of concept » lit-on dans le rapport d’environ 70 pages publié en avril 2022 par Capgemini, un des leaders mondiaux du conseil, de la transformation numérique, des services technologiques et d’ingénierie.
Intitulé « Quantum technologies : How to prepare your organization for a quantum advantage now », ce document s’appuie sur les propos de responsables de projets quantiques au sein de 857 entreprises, mais aussi d’une trentaine de dirigeants, de chercheurs, d’universitaires et d’investisseurs en capital-risque.
Comme le montre le graphique ci-dessous, la France n’a pas à rougir puisqu’un quart environ des entreprises hexagonales interrogées par Capgemini s’appuie (ou prévoit de le faire) sur des technologies quantiques. Mais les Pays-Bas et la Chine se montrent très en avance sur le sujet avec près de 40 % d’organisations ayant intégré le quantique dans leurs projets.
Sur le papier, ces technologies peuvent entraîner un changement radical dans la manière dont les entreprises résolvent entre autres les problèmes d’optimisation de leur chaîne d’approvisionnement (malmenée notamment depuis la pandémie par les restrictions sanitaires et la pénurie de composants électroniques), de simulation mécanique et de protection des données contre le piratage.
Des solutions de cryptographie quantique sont déjà mises en œuvre. Mais de nombreuses organisations travaillant sur le quantique attendent l’émergence de normes avant de donner la priorité à la sécurité quantique.
L’informatique quantique permettrait également la découverte de matériaux légers et robustes ou de nouveaux médicaments. À mesure qu’ils deviennent plus petits, plus efficaces sur le plan énergétique et moins chers, les capteurs pourraient aussi jouer un rôle transformateur dans tous les secteurs. Ils peuvent accélérer la précision des mesures, notamment dans les secteurs de la santé/du diagnostic, de la défense, de l’automobile, du génie civil, de la construction, du pétrole/gaz, de l’espace et la cybersécurité avec le projet OpenQKD.
Pour les entreprises, l’objectif prioritaire est de ne pas rater le train du quantique sous peine d’être dépassées par des concurrents. Sept sur dix des organisations interrogées dans le cadre de cette enquête de Capgemini ont reconnu qu’en raison des longs cycles de développement de produits, elles doivent intégrer dès maintenant les technologies quantiques dans leurs processus.
« Une fois que ces technologies seront suffisamment matures, il y aura probablement une forte concurrence pour les compétences ou les ressources. Les entreprises qui les ont déjà mises en place seront susceptibles d’acquérir un avantage significatif sur leurs pairs », souligne Capgemini.
Presque la moitié des organisations travaillant sur les technologies quantiques s’attendent à ce qu’elles puissent être utilisées dans au moins une application commerciale majeure dans les 3 à 5 prochaines années.
La figure ci-dessus montre quatre domaines clés dans lesquels les technologies quantiques peuvent contribuer à améliorer la durabilité environnementale. Par exemple, la production d’électricité représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre selon une étude publiée en février 2022 par l’US Environment Protection Agency (EPA).
L’informatique quantique peut aider à simuler de nouveaux matériaux photovoltaïques qui améliorent l’efficacité ou réduisent les coûts de fabrication des panneaux solaires.
Même si les technologies quantiques existent depuis quelques décennies, la technologie n’en est encore qu’à ses balbutiements pour ce qui est des applications commerciales. Un peu comme l’Internet des années 1980 et l’informatique peu après l’invention du transistor.
Une fois que les défis matériels et logiciels actuels seront surmontés, les technologies quantiques auront le potentiel de changer la façon dont nous résolvons certains de nos plus grands défis commerciaux et sociétaux. Mais leur impact réel n’apparaîtra clairement qu’au cours de la prochaine décennie. Et les entreprises doivent s’y préparer dès maintenant.
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