Ce dimanche 21 mai, les Suisses ont voté par référendum pour une sortie du nucléaire à moyen terme, même si aucune date précise n'est avancée.
À la question « Acceptez-vous la loi du 30 septembre 2016 sur l’énergie ?», les Suisses ont répondu « oui » à 58,2%. La participation s’est élevée à 42,3% pour cette révision de la loi sur l’énergie. Par ce geste, ils approuvent la première étape de la Stratégie énergétique 2050 du pays. Fin novembre 2016, les Suisses avaient rejeté par référendum la limitation de la durée de vie des réacteurs nucléaires à 45 ans.
Les mesures entérinées visent à réduire la consommation énergétique et améliorer l’efficacité énergétique. Les objectifs sont de baisser la consommation énergétique moyenne par personne et par an de 16 % d’ici 2020, et de 43 % d’ici 2035 par rapport à 2000. Selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), la consommation individuelle d’énergie a déjà baissé de 14,5% depuis 2000. La loi interdit aussi la construction de nouvelles centrales nucléaires. Les 4 centrales nucléaires du pays (pour 5 réacteurs) pourront néanmoins continuer à produire de l’électricité tant que leur sûreté sera garantie, pour une durée de vie totale de 50 à 60 ans.
Un mix électrique qui va se diversifier
D’après les Statistiques de l’énergie OFEN, en 2015, la production électrique suisse était de 66 térawattheures (TWh). 59,9% provient de centrales hydrauliques (39,5 TWh). Les centrales nucléaires comptent pour 33,5% de la production (22,1 TWh), les centrales thermiques pour 4% (2,4 TWh). Le photovoltaïque, le biogaz, le bois et les éoliennes ne représentent que 2,6% (1,7 TWh).
Cette nouvelle loi veut développer les énergies renouvelables hors hydraulique pour atteindre 4,4 TWh en 2020 et au moins 11,4 TWh en 2035. L’objectif est de maintenir la production hydraulique, en moyenne, au moins à 37,44 TWh en 2035.
Première étape d’un long processus !
Le projet avait été accepté par le Parlement en septembre 2016, mais le premier parti de Suisse, l’Union démocratique du centre (UDC) avait réussi à organiser un référendum contre la nouvelle loi. Il estimait que la mise en oeuvre du texte entraînerait des coûts élevés, menacerait l’approvisionnement énergétique et défigurerait le paysage avec la multiplication des éoliennes et des panneaux solaires.
Suite à la catastrophe de Fukushima en mars 2011, la Suisse projetait une sortie du nucléaire vers 2034. Durant plusieurs années, les autorités ont travaillé sur la stratégie énergétique 2050. Sa mise en oeuvre en prévue par étapes.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
La Suède avait voté par référendum la sortie du nucléaire en 1990. Les Suédois sont revenus sur cette décision et restent à 10 GW de nucléaire ce qui donne 50 % de leur électricité, l’autre moitié étant fournie par de l’hydro-électricité.
En Suisse, le nucléaire représente plus de 40 % de l’électricité produite et en hiver la Suisse qui a investi et qui participe à tous les frais de fonctionnement en France à Bugey, Fessenheim et Cattenom tire au maximum sur l’électricité mise à disposition.
L’option sortie du nucléaire et remplacement par des EnR intermittentes risque d’apporter son lot de surprises comme en Allemagne.
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