Les problématiques actuelles ayant trait au génie écologique au sens large, à savoir la préservation de la biodiversité et des écosystèmes, trouvent dans les sciences participatives un moyen d'attirer des citoyens, qui, par passion ou par conviction, participent à la création de bases de données scientifiques se révélant d'une utilité absolue pour les chercheurs.
Cette évolution récente, qui ouvre la possibilité à des volontaires de participer à des programmes de recherches scientifiques participatifs, la plupart du temps via des collectes de données, s’illustre à travers une étude publiée par l’Observatoire de la biodiversité : le nombre de citoyens français engagés dans des programmes scientifiques collaboratifs a été multiplié par 2,5 entre 2011 et 2017.
Deux facteurs peuvent expliquer cette évolution : d’abord, l’avènement d’outils technologiques performants permettant une saisie et un traitement efficaces des données récoltées. Il s’agit d’un point fondamental. Pour les activités de collecte de données, comptages, photographies, mesures, entre autres, des applications mobiles sont développées et permettent d’une part de faciliter la collecte des données pour l’utilisateur, et d’autre part de faire le lien entre ces données et les chercheurs, qui peuvent y accéder en temps réel.
Aussi, le respect des protocoles édictés par les scientifiques pour la collecte des données sera plus facile, puisque ces protocoles sont en partie intégrés dans la conception des applications destinées à servir pour des programmes de sciences collaboratives.
Le second facteur réside plus du côté du génie écologique et de la situation écologique actuelle, entre effondrement de la biodiversité, appauvrissement des sols et empreinte humaine sur les écosystèmes. Toutes ces problématiques constituent pour les scientifiques des sujets de recherches majeurs, mais aussi une source de préoccupation majeure pour les citoyens ; les programmes de sciences collaboratives permettent à ces derniers de jouer un rôle concret dans la recherche de solutions scientifiques, en fournissant aux chercheurs des données inaccessibles auparavant, car c’est de cela qu’il s’agit. En effet, la capacité des organismes de recherche, comme le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, qui est un pionnier en France sur ce sujet, de fédérer des volontaires, des associations, pour collecter massivement des données, sur des échelles de temps et d’espace inédites, procurent aux chercheurs des données qui n’existaient pas auparavant sous cette forme. Cela permet à la recherche, notamment en ce qui concerne les problématiques écologiques actuelles, de suivre l’évolution de populations animales de manière beaucoup plus précise et actualisée, dans les milieux urbains, périurbains, à la campagne… C’est tout un champ de recherche en partie inexploré qui s’ouvre de ce fait, qui permettra de mieux comprendre les effets des changements climatiques actuels sur les populations animales, et leur résilience face à ce phénomène.
Le 21 octobre 2021, Techniques de l’Ingénieur avait organisé une journée de conférences consacrée au génie écologique. L’une de ces présentations est dédiée aux sciences participatives et il est possible de la (re)voir en suivant ce lien.
La problématique de l’exploitabilité des données
Une partie de la communauté scientifique a soulevé la problématique liée au fait de laisser des non professionnels réaliser des protocoles scientifiques parfois complexes. Les données collectées sont-elles toujours fiables ? Pour commencer, les sciences participatives s’intéressent, dans le domaine de la biodiversité, à la collecte de données sur les espèces végétale et animale communes : les programmes participatifs ne prétendent donc pas contribuer à l’étude d’espèces rares.
Aussi, le fonctionnement même des sciences participatives, qui réunissent des communautés de volontaires, permettent à chaque individu impliqué dans un projet d’être entouré et de monter rapidement en compétence sur un protocole donné, le cas échéant.
L’aspect éducatif
Les externalités pédagogiques des programmes de sciences collaboratives sont nombreuses. Tout d’abord, les activités de comptage, de prise de photo, constituent un pont pertinent pour impliquer les élèves de tout âge à un projet collaboratif. La possibilité pour des élèves de travailler en communauté, en suivant un protocole précis, et d’observer l’appropriation par les chercheurs des données récoltées est une excellente façon d’éveiller les jeunes citoyens à la culture scientifique, en même temps qu’aux enjeux qui touchent la planète et la biodiversité.
D’ailleurs, de nombreux enseignants chercheurs développent des programmes collaboratifs très pointus, profitant de l’aubaine d’avoir autour d’eux de nombreux étudiants passionnés, volontaires et ayant un niveau de compétence élevé leur permettant de suivre des protocoles complexes efficacement.
Ainsi, on peut se projeter sur un avenir prometteur pour les programmes de sciences participatives, tant les progrès des technologies semblent faire le lien entre un monde de la recherche souvent isolé et un nombre grandissant de citoyens désireux d’agir concrètement pour la préservation de la planète, sans toujours savoir comment s’y prendre concrètement.
Pour avoir une idée sur les nombreux projets participatifs en cours ou à venir, vous pouvez par exemple vous rendre sur le site OPEN, qui recense les projets collaboratifs visant à améliorer les connaissances sur la biodiversité.
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