En janvier 2010, le CNRS et l’INRIA ont publié chacun un rapport pour souligner le déficit de réflexion sur l’éthique dans le milieu de la recherche en sciences et technologies du numérique. Retour avec François Rebufat sur les enseignements de ces deux rapports.
(Article publié le 28/02/2010 sur Vivagora.org) Droit des robots, atteinte à la vie privée, nouvelle médecine assistée par ordinateur, cyborg et transhumanisme, informatique émotionnelle, manipulations mentales, addiction à l’informatique ou guerre numérique… la liste des risques que les Sciences et technologies du numérique (STN) font peser sur la société s’allonge jour après jour. Pour défricher ce terrain, le Comité d’éthique du CNRS (Comets) et l’Institut de recherche en informatique et automatique (INRIA) viennent chacun de publier un rapport sur le sujet (lire l’article Plus d’éthique pour les STIC). Ils proposent la création d’un Comité d’éthique en STN afin de » mieux identifier les incidences éthiques des recherches menées dans le domaine, de sensibiliser les chercheurs à ces enjeux, de s’assurer que les recherches menées satisfont aux critères éthiques. « » Les deux organismes ont pris conscience que ces recherches ont un impact considérable sur l’évolution de notre société » explique Jacques Bordé, ancien directeur de recherche au CNRS et membre du groupe de réflexion sur l’éthique de la recherche en STN du Comets. » Au début du travail du Comets, on s’est rendu compte que la réflexion éthique sur la société numérique en général était encore très peu développée. La première étape, qui fait l’objet du rapport du Comets, a consisté à identifier les domaines susceptibles de soulever des questions éthiques. La suite du travail sera de mener une réflexion plus spécifique liée à la recherche dans chacun de ces domaines. «
La responsabilité des chercheurs » Très peu de chercheurs en STN, ou de décideurs du CNRS se posent des questions éthiques sur l’impact de leurs travaux, poursuit Jacques Bordé. De nombreux responsables de recherche répondent en toute sincérité que les programmes qu’ils pilotent ne concernent que les performances techniques et scientifiques et ne soulèvent donc aucune question éthique. » Si le groupe de réflexion du Comets constate que les chercheurs montrent souvent une certaine insouciance due à une foi dans une science a priori forcément bénéfique pour l’humanité, il relève aussi la facilité avec laquelle ils renvoient entièrement les responsabilités quant aux conséquences de leurs recherches sur ceux qui mettront, finalement en application leurs travaux : classiquement les industriels pour les produits et les politiques pour les régulations. Cette frilosité du monde scientifique se double bien souvent d’une naïveté qui idéalise la solution technologique. La communication se fait mal ? Il suffit de passer de nouveaux tuyaux, plus larges, plus rapides… Une idée largement dénoncée par Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS, qui affirme que » le progrès technique ne suffit pas pour créer un progrès de la communication humaine et sociale. » Internet nous aide-t-il à mieux nous comprendre ? Rien n’est moins sûr…Si la réflexion éthique examine en premier lieu la finalité première d’une découverte, elle doit aussi envisager si possible les différentes utilisations qui peuvent en être faites. Le chercheur est alors souvent le premier à pouvoir imaginer ces usages alternatifs, leurs dérives potentielles, et éventuellement reprendre sa recherche pour minimiser les applications néfastes. Par exemple, si les chercheurs avaient anticipé que la gratuité sur Internet entraînerait une prolifération des spams, peut-être auraient-ils conçu Internet différemment ? … Lire la suite de l’article sur Vivagora.orgPar François Rebufat
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