L’enquête Sumer fait le point sur les dangers encourus par les salariés suivant leur secteur professionnel.
Voilà une enquête qui met à jour de nombreuses inégalités. Le projet Sumer s’est appuyé sur 2400 médecins du travail pour sonder et cartographier les risques professionnels des salariés français du privé et du public. Il ressort que les salariés sont exposés à des risques de différentes natures, pouvant être physiques ou psychologiques. Ainsi, certains sont mieux lotis que d’autres.
Le rapport, réalisé conjointement par la direction générale du travail (DGT) et la direction de l’animation de la recherche, études et des statistiques (DARES), chiffre à un salarié sur trois le nombre de personnes exposées à des risques chimiques ! Dans l’industrie, cela concerne 45% des employés. 17% des salariés de l’industrie sont en contact avec au moins un agent chimique cancérogène (gaz d’échappement diesel, huiles minérales, poussières de bois, silice cristalline…), contre seulement 10% des salariés en général. De plus, ces expositions peuvent être prolongées sur une période de plus de 10 heures par semaine.
Les risques de se retrouver exposé à des produits toxiques ne sont pas les seuls rencontrés. Cette notion s’étend à la psychologie des salariés ainsi que leur bien-être au travail. Sumer s’est donc aussi intéressé au ressenti des travailleurs. Dans l’industrie, les salariés subissent des contraintes de type organisationnelle, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas le loisir d’organiser leurs tâches eux-mêmes ni de faire varier les délais, leur travail étant borné par des contraintes logistiques principalement. Ils ne peuvent pas non plus prendre leur pause quand ils le souhaitent. Les salariés du commerce et des transports souffrent d’ailleurs des mêmes « risques ».
De plus, les salariés de l’industrie sont aussi ceux qui craignent le plus de commettre une erreur, non pas par peur de se faire taper sur les doigts, mais car ils sont conscients des conséquences financières que cela pourrait engendrer pour leur entreprise. En toute logique, les salariés de l’industrie sont les plus nombreux, 76% contre 47% pour l’ensemble des salariés, à respecter scrupuleusement les procédures de qualité. Ce sont aussi ceux soumis le plus souvent à des objectifs chiffrés précis, évalués lors des entretiens annuels. L’enquête Sumer fait aussi ressortir l’émergence de comportements violents au travail. 24% des salariés de l’industrie en ont été victime au moins une fois, qu’il s’agisse d’une humiliation en public, d’un déni de reconnaissance ou de propos dégradants.
En revanche, les salariés de l’industrie sont beaucoup moins exposés aux risques biologiques, au bruit ou encore aux contraintes physiques intenses. Ils échappent aussi aux dangers de travailler sur un écran trop longtemps.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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