Il grimpe sur un mont d’objets, descend des escaliers, ouvre une porte, marche sur des pierres, porte un parpaing ou encore se déplace sous la pluie. Il, c’est le robot Spot de Boston Dynamics. Dans une vidéo, la société américaine dévoile les performances techniques de son quadrupède prêt à sortir du laboratoire. C’était le 24 septembre 2019. Depuis la publication de la vidéo, Spot a débuté ses premières rondes dans les industries.
“Avec ce genre de robot à pattes, il est possible de scanner l’avancement de chantier de construction ou de déployer à distance un robot pour aller inspecter un problème sur un site distant comme une exploitation offshore ou de grands parcs industriels”, souligne Antoine Cully, directeur de l’Adaptative & Intelligent Robotics Lab de l’Imperial College de Londres.
Tester dans des environnements réels
La société pétrolière norvégienne Aker BP a par exemple “embauché” Spot dans le but d’évaluer ses performances dans l’inspection autonome, l’acquisition des données et la création automatique de rapport. Son environnement de travail : la plateforme offshore Skarv en Norvège. Avec le concours de l’éditeur Cognite, Aker BP a programmé le robot pour tester sa mobilité dans des environnements pétroliers et gaziers afin de s’assurer que celui-ci pouvait atteindre des installations difficiles d’accès aux automatisations traditionnelles.
Voir ici la démonstration de son activité, publiée par Aker BP.
Un autre client, HoloBuilder, utilise le robot Spot pour son activité de construction. Les ouvriers peuvent utiliser leur smartphone pour apprendre à Spot à documenter un chemin autour d’un chantier de construction puis se déplacer de façon autonome sur ce chemin. Il pourra prendre des photos à 360° pour les envoyer automatiquement à leur logiciel de traitement. Une solution qui pourrait permettre de réaliser de façon autonome des jumeaux numériques ou d’inspecter la progression du chantier.
Une agilité impressionnante
Boston Dynamics est reconnu pour ses robots bipèdes et quadrupèdes très agiles. “Spot est une innovation en termes d’ingénierie, affirme Antoine Cully. Il s’agit d’un robot avec une agilité impressionnante (à l’image des cheetah et mini-cheetah du MIT) et il est très intéressant de voir Boston Dynamics produire ce genre de robot en série et créer de nouveaux marchés”. Une ouverture sur le monde industriel qui pourrait créer un mouvement positif dans la recherche robotique… à pattes.
“Il y a quelques années, quasiment aucune compagnie ne concevait et vendait des robots à pattes, ajoute Antone Cully. Maintenant, il y en a plusieurs (Ghost Robotics, ReactRobotics, ANYmal robotics, Unitree) et c’est excellent pour stimuler la recherche et l’innovation dans ce domaine qui était jusque-là limité à la recherche académique”.
Une plateforme de développement ouverte
L’utilisation des robots, pour tester différentes applications, est permise par un kit de développement logiciel (SDK) fourni par Boston Dynamics. Jusqu’ici disponible à une poignée d’entreprises testeuses, Boston Dynamics l’a ouvert et rendu disponible sur GitHub à tout développeur souhaitant développer des applications personnalisées permettant à Spot de réaliser tout type de tâches utiles à de nombreuses industries.
En proposant à une poignée d’utilisateurs industriels le test de son robot, l’objectif de Boston Dynamics est d’obtenir un retour terrain afin de lui apporter des améliorations. Mais “avant de considérer plus d’avancées sur l’agilité et la rapidité, je pense qu’il y aura une phase de réduction des coûts et de spécialisation pour certaines applications, par exemple marcher sur des terrains enneigés ou boueux”, estime Antoine Cully. Selon le journaliste Matt Simon de Wired, 75 robots Spot travaillent actuellement, dans des entreprises de construction par exemple ou des installations minières.
Crédit photo de une : Youtube / Boston Dynamics
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