« Depuis 2009, le Fonds Chaleur a permis d’accompagner près de 5 355 opérations soit environ 2,27 milliards d’euros d’aide, ce qui a permis de mobiliser environ 7,9 milliards d’euros d’investissement, rappelle Arnaud Leroy, PDG de l’ADEME. Près de 40 % des aides du Fonds Chaleur ont été consacrées aux réseaux de chaleur, ayant permis de soutenir 1 050 réseaux pour une longueur de plus de 2 800 km, représentant une augmentation de 50 % du parc existant par rapport à 2008. »
Désormais, le mix énergétique des réseaux de chaleur et de froid atteint 57 % d’énergies renouvelables et de récupération, contre 30 % en 2009. Dans son étude « Développement des filières réseaux de chaleur et de froid renouvelables en France à horizon 2050 : impacts socio-économiques et environnementaux, stratégie et plan d’actions », l’ADEME explore les bénéfices d’un développement accru de la filière à l’horizon 2050.
Un développement des réseaux de chaleur et de froid à accélérer
La France a défini des objectifs de développement des réseaux de chaleur et de froid alimentés par les énergies renouvelables et de récupération dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie et la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Mais « le rythme de la croissance des énergies renouvelables et de récupération injectées dans les réseaux constaté actuellement reste très insuffisant pour atteindre ces objectifs », alerte l’ADEME.
En 2023, la France devra livrer 24,4 térawattheures (TWh) de chaleur renouvelable et 1,1 TWh de froid. La chaleur devrait atteindre 39 TWh, le froid 2,2 TWh en 2030. Sans objectif de production, la SNBC invite à atteindre un taux de 100 % d’énergie renouvelable et de récupération dans les réseaux d’ici 2050. Pour atteindre les objectifs à 2030, l’ADEME calcule qu’il faudrait « un triplement » du volume délivré et du nombre de projets pour la chaleur renouvelable et « une multiplication par 10 » pour le froid.
Des atouts indéniables à mettre en avant pour l’ADEME
« Les réseaux de chaleur et de froid constituent un levier puissant, cohérent et pérenne d’activités économiques et de réduction de la facture énergétique territoriale avec un impact significatif sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre », défend l’ADEME. En 2050, le nombre de kilomètres de réseaux alimentés par des énergies renouvelables et de récupération pourrait être multiplié par trois. Avec des taux de pénétration de la solution réseau de chaleur de l’ordre de 25 % (contre près de 5 % en 2018), et des taux d’énergies renouvelables et de récupération de 75 % à 100 %, la France pourrait alors alimenter près de 21 millions d’habitants en chaleur décarbonée. Les émissions baisseraient de 15 millions de tonnes équivalent CO2 par an, soit 12 % des émissions actuelles du secteur du bâtiment. En plus, la facture énergétique de la France diminuerait de 2,6 milliards d’euros grâce aux importations évitées. Et tout cela pour un prix public de la tonne de CO2 évitée intéressant, situé entre 27 et 46 euros, contre 59 euros pour l’éolien terrestre et 71 euros pour le photovoltaïque au sol.
Enfin, la filière pourrait représenter entre 4,2 et 5,2 milliards d’euros en 2050, soit quatre fois plus qu’en 2017. Cela permettrait de soutenir entre 41 000 et 57 000 emplois directs et indirects à cet horizon, entre 4 et 5 fois plus qu’en 2017. Dans cette perspective, l’ADEME propose plusieurs leviers d’actions pour accélérer le rythme de croissance des énergies renouvelables dans les réseaux de chaleur. Entre autres, elle invite les pouvoirs publics à revoir les soutiens financiers à la filière et à taxer les énergies fossiles.
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