Le vent serait-il en train de tourner ? Alors que les recruteurs français ont la réputation d’embaucher sur diplôme, ils y attachent aujourd’hui de moins en moins d’importance. Sur les 1 000 recruteurs franciliens interrogés par l’OFEM (Observatoire de la formation, de l’emploi et des métiers de la chambre de commerce et d’industrie de Paris) dans le cadre d’une étude dévoilée le 18 mars 2015, seuls 53 % pensent que les diplômes valident des formations de bon niveau. Et, plus ces entreprises sont petites, moins le diplôme compte. Alors que les grandes entreprises privilégient les bac + 5 (61 % de leurs effectifs), les TPE embauchent en majorité des personnes de niveau bac ou moins (73,5 %). Les recruteurs estiment que les évolutions de ces dix dernières années vont continuer à s’accélérer les cinq prochaines années.
Un fossé entre l’école et l’entreprise
Pour les recruteurs, les études supérieures ne préparent pas assez à la vie active. 40 % d’entre eux estiment que les formations dans leur domaine d’activité préparent mal les étudiants. Logique : les métiers évoluent tellement vite que ce qu’ils apprennent en première année est déjà obsolète avant la fin d’un cursus en 4 ans, d’après une étude du cabinet Wagepoint. Malgré tout, l’école reste importante. 67 % des recruteurs se fient à leurs expériences avec les promotions précédentes pour décider dans quelles écoles ou universités aller chercher leurs nouvelles recrues.
L’expérience prend le pas sur le diplôme
Alors, que faut-il mettre en avant pour être embauché ? L’expérience avant tout : 69 % des personnes interrogées préfèrent engager des collaborateurs expérimentés. D’abord, parce qu’ils comprennent mieux les enjeux de l’entreprise, mais aussi parce qu’ils sont plus rapides. Les recruteurs déclarent aussi avoir de plus en plus besoin de personnes ayant un niveau d’expertise élevé, qui s’acquiert davantage sur le terrain que sur les bancs de la fac.
Vers des parcours hybrides
Tout cela ne signifie pas que le diplôme en lui-même est devenu inutile. Les formations sont vouées à être plus professionnalisantes, d’après les recruteurs interrogés. Déjà, l’apprentissage est de plus en plus prisé : ils sont 80 % à estimer que l’alternance est devenue indispensable, et 56 % à l’avoir déjà mis en place dans leur entreprise. Ils pensent qu’à l’avenir, les cursus vont être plus courts (60 %), plus portés vers le savoir-faire (71 %) et que les formations en cours de carrière se feront avec de l’apprentissage ou des stages de longue durée (85 %). Pour les étudiants de demain : moins de bouquins, plus de terrain !
Par Ingrid Falquy
Source : cadremploi.fr
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