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Les prix du gaz russe repartent à la hausse et l’Europe en subit les conséquences

Posté le 4 septembre 2024
par Arnaud Moign
dans Énergie

En prenant le contrôle de la ville de Soudja, dans l’oblast russe de Koursk, l’Ukraine s’est aussi emparée de l’un des derniers points de transit par gazoduc du gaz russe vers l’Europe. Si le gaz continue pour le moment de circuler, les tarifs ont déjà explosé de 12% en août par rapport au début de l’année 2024 ! Un constat qui démontre encore une fois qu’il est urgent, pour l’UE, d’en finir avec sa dépendance au gaz russe.

Lorsque la Russie a engagé les hostilités en février 2022, l’UE était largement dépendante des énergies fossiles russes, qu’il s’agisse du gaz, du pétrole ou du charbon. Mais la situation a heureusement changé et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans une annonce du 12 avril 2024, Ursula von der Leyen déclarait ainsi : « Il y a 2 ans, une unité sur cinq de l’énergie consommée dans l’Union européenne provenait des combustibles fossiles russes. Aujourd’hui, c’est une sur vingt. »

Pour ce qui est du gaz, dans cette même déclaration, la présidente de la Commission européenne annonçait « que la part des importations de gaz en provenance de Russie est passée de 45 % avant la guerre en Ukraine à 15 % l’an dernier. »

L’Europe est moins dépendante au gaz russe qu’en 2022

Sur le papier, l’UE aurait donc bel et bien repris en main son destin énergétique. Néanmoins, la situation est plus complexe qu’elle ne le paraît. Si l’UE n’est plus que le 3e importateur mondial d’énergies fossiles russes, derrière la Chine et l’Inde, en 2023, elle a tout de même importé 18 milliards de mètres cubes de gaz russe via des méthaniers. Par ailleurs, si l’UE s’est tournée vers l’Azerbaïdjan pour une partie des approvisionnements, une partie du gaz vendu par ce pays provient toujours de Russie !

L’UE reste donc en partie dépendante au gaz russe, ce qui l’expose à des pénuries, mais aussi à des hausses de prix.

Les ventes de combustibles russes restent supérieures à l’aide fournie !

Cette dépendance, si elle est moins forte qu’en 2022, a malheureusement des conséquences paradoxales. Car si l’UE fournit une aide financière à l’Ukraine, celle-ci demeure toujours inférieure à la somme versée à la Russie pour l’achat de ses énergies fossiles.

Et les chiffres sont éloquents : selon le think tank Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), l’UE aurait acheté pour 200 milliards d’euros de combustibles fossiles à la Russie depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.

D’un autre côté, l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale évalue le montant total de l’aide fournie à l’Ukraine à 185 milliards d’euros, UE et États-Unis compris ! Dans les faits, l’UE finance donc plus la Russie que l’Ukraine…

Le transit du gaz russe par gazoduc via l’Ukraine : un avenir incertain

La situation risque malheureusement de s’aggraver en 2025, l’Ukraine ayant décidé de mettre fin au contrat de transit de gaz avec l’énergéticien russe Gazprom. La décision de Kiev, si elle est légitime, inquiète fortement l’UE, car 15 % du gaz consommé en Europe transite encore par l’Ukraine !

Des conséquences sur l’approvisionnement en gaz de l’UE et aussi sur les prix sont donc à craindre, car le recours aux alternatives comme l’importation de GNL par bateau va malheureusement engendrer un surcoût qui impactera le marché européen.

Il est donc vital que l’UE poursuive ses efforts pour réduire encore sa dépendance au gaz russe et atteindre son objectif d’indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie d’ici 2027. Un véritable défi pour certains pays comme l’Autriche dont la quasi-totalité du gaz provient de Russie !


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