Les associations négaWatt et CLER-Réseau pour la transition énergétique publient une note d’orientation sur les pompes à chaleur. Selon elles, les pompes à chaleur ont un rôle central à jouer dans la décarbonation du bâtiment et la transition énergétique, à la condition d’être accompagnées d’une stratégie de rénovation globale.
Dans un contexte réglementaire favorable, les pompes à chaleur (PAC) se développent fortement sur le territoire pour chauffer les logements. Mais négaWatt et le CLER-Réseau pour la transition énergétique craignent une dissémination de solutions inadaptées. Ce 31 janvier, les deux organisations ont dévoilé lors d’un webinaire une note technique « Rôle de la pompe à chaleur dans la stratégie de rénovation » réalisée fin 2022.
Selon cette note, substituer des chaudières à gaz ou au fioul par des PAC dans des passoires thermiques n’a d’intérêt que si le geste est accompagné de la réalisation d’une rénovation performante. Sur cette base, les associations recommandent au gouvernement de mieux encadrer l’installation des PAC avec complément de chauffage, et d’orienter les aides prioritairement vers la rénovation performante.
Un second système de chauffage indispensable
Une pompe à chaleur classique rencontre des limites. « Les pompes à chaleur les plus courantes ne peuvent pas délivrer de fluides à plus de 55°C, explique Olivier Sidler porte-parole de négaWatt. C’est à la fois beaucoup dans les constructions neuves et assez peu dans les logements anciens, construits avant les années 1975. » Les logements anciens sont en effet équipés de radiateurs nécessitant par grands froids des températures situées entre 80°C et 90°C.
Lorsque les températures extérieures passent sous la barre des 5°C ou 9°C selon les régions, la PAC ne permettra plus de chauffer suffisamment les logements mal isolés (classés F ou G). Dans ces derniers et par grand froid, la température intérieure ne dépassera pas les 14°C, précise l’étude.
La substitution d’une chaudière par une PAC dans une passoire thermique nécessite donc un second système de chauffage. Il peut s’agir de convecteurs électriques, d’une chaudière en relève ou encore d’une PAC hybride (qui comprend une chaudière sous le même capot). Cela peut aussi être une pompe à chaleur haute température qui permet d’atteindre en sortie de condenseur 70, voire 80°C. Ces compléments entraînent une surconsommation électrique, amplifient la pointe électrique, nécessitent du gaz pour fonctionner, prennent beaucoup de place et entraînent un surcoût non négligeable, estime l’étude.
L’indispensable rénovation en complément des PAC
NégaWatt a modélisé l’effet qu’aurait la substitution des chaudières au gaz ou au fioul dans la moitié des logements classés F ou G en France, soit 1,4 million de logements. Ce parc est tout à fait prioritaire et en adéquation avec les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie, feuille de route de la France. « Cela correspond d’ici 2028 à 280 000 rénovations par an, ce qui est à peine la moitié des objectifs de la PPE », précise Olivier Sidler.
Cet échantillon émet aujourd’hui 7 millions de tonnes de CO2 par an. Une fois la substitution réalisée, les émissions s’élèveraient toujours à 4,5 millions de tonnes en cas de relève par une chaudière, à plus de 3 millions de tonnes avec une PAC hybride. Et pour cause : elles utilisent toujours des énergies fossiles dans les jours les plus froids. Les solutions par convecteurs électriques ou PAC haute température réduisent les émissions à un peu plus de 1 million de tonnes. En revanche, dès lors que la PAC s’accompagne d’une rénovation complète, les émissions chutent à moins de 0,1 million de tonnes.
« L’utilisation de pompes à chaleur associées à une rénovation globale et performante divise par 100 les émissions de GES des chaudières au gaz et au fioul qui existent dans les logements de classes F et G », assure Olivier Sidler.
La différence est encore plus impressionnante en termes d’énergie primaire. Alors que le parc pris en compte consomme actuellement 26,3 térawattheures (TWh) d’énergie primaire, la consommation s’établirait toujours à plus de 20 TWh dans les solutions sans rénovation. L’association d’une PAC à une rénovation globale et performante permettrait cependant d’abaisser la consommation à 1 TWh pour ce parc de logements.
Dernier avantage : associées à une rénovation globale, les pompes à chaleur appellent une pointe électrique de 0,5 gigawatt (GW). Celle-ci s’élève à près de 5 GW dans le cas d’une association avec des convecteurs électriques.
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