La barrière hémato-encéphalique (BHE) est une barrière physiologique qui empêche naturellement les agents pathogènes, les toxines et les hormones de passer du sang au cerveau. Elle joue donc un rôle positif dans la conservation du cerveau, en le nettoyant de certains déchets par exemple. Toutefois, elle bloque presque tout, y compris les médicaments véhiculés par le sang. Ce qui n’est pas sans compliquer la tâche des médecins.
Pour cette raison, une équipe de chercheurs de l’École Polytechnique de Montréal s’est ingéniée à duper la BHE de souris afin d’offrir un passage à certaines molécules actives avec comme but in fine : qu’elles puissent atteindre les régions du cerveau souhaitées en vue de les traiter. Pour y arriver, des nanoparticules magnétiques ont été placées à l’endroit voulu grâce à un dispositif d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), puis faiblement chauffées par exposition à un champ de fréquence radio. Ce qui a permis d’ouvrir durant un court laps de temps la barrière.
Il s’agit d’une progression significative dans la connaissance de ce réseau encore assez méconnu de microvaisseaux sanguins composé de cellules endothéliales qu’est la barrière hémato-encéphalique. Appliquer cette méthode sur l’homme pour administrer des remèdes directement dans le cerveau serait une avancée fantastique dans le traitement de certaines maladies neurologiques. Car à la différence de traitements comme la chimiothérapie, s’en prenant à tous les tissus, y compris les tissus sains, et donc extrêmement agressive pour le corps, ce procédé permettrait de cibler précisément les zones à soigner.
Jusqu’à maintenant, lorsque l’on essaye de soigner les patients souffrant de maladies graves, les médecins passent par l’opération. Mais ces interventions chirurgicales sont toujours risquées, notamment quand il s’agit d’ôter une tumeur. Et parfois, l’opération est impossible si la partie du cerveau à traiter est située au mauvais endroit. La manipulation de la BHE (pour laisser passer les agents thérapeutiques et empêcher les cellules cancéreuses de traverser) et le guidage des nanoparticules pourraient donc tout changer.
Du temps, des tests et de nombreuses réflexions sont encore nécessaires avant de pouvoir appliquer ce procédé novateur sur l’Homme, comme l’affirment les auteurs de l’étude – dont Anne-Sophie Carret. L’idée est certes validée et particulièrement prometteuse, mais le moment où le traitement de troubles psychiatriques, neurologiques ou issus de maladies dégénératives (Alzheimer) se fera par ce biais n’est à priori pas pour tout de suite. La gestion de l’ouverture de la barrière est trop délicate et imprécise. Encore un peu de patience donc.
Par Sébastien Tribot
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