Comment endiguer rapidement et de manière efficace l’extinction massive du vivant qui est en train de se produire à travers le globe ? C’est la question que se posent les membres de l’IPBES, réunis pour une septième session plénière. Cette organisation créée en 2012, sur une idée de Jacques Chirac, a été pensée pour être le pendant du GIEC pour la biodiversité. Les représentants de 132 États étaient réunis jusqu’au 4 mai à l’UNESCO pour adopter leur rapport. Lors de la cérémonie d’ouverture, plusieurs voix se sont succédé pour rappeler à quel point les travaux de l’IPBES sont capitaux pour la préservation de la biodiversité.
Ceux-ci sont d’autant plus essentiels dans un contexte où se prépare la COP 15 sur la biodiversité en Chine en 2020. Devant un parterre de scientifiques internationaux, les grands absents de la matinée d’ouverture ont été les membres du gouvernement français. Une situation regrettée par Laurent Stéfanini, ambassadeur de France à l’Unesco. Ce dernier s’est cependant fait porte-voix pour le ministre des Affaires Étrangères Jean-Yves Le Drian pour annoncer que « 2020 sera l’année de la biodiversité comme 2015 a été celle du climat ».
De Rugy se veut être chef de la barque française pour la biodiversité
Un avis partagé par le ministre de la Transition écologique et solidaire. François de Rugy a voulu se placer comme chef de file d’un grand mouvement en faveur de la biodiversité. Il s’est exprimé lors d’une brève intervention à la fin de la première journée de travail. « Cette nouvelle session de l’IPBES doit être l’acte de naissance d’une mobilisation internationale sans précédent pour la biodiversité. La France sera pleinement mobilisée, au niveau national comme au niveau international, pour en faire une priorité, au même rang que la lutte contre le réchauffement climatique » déclare-t-il. Un souhait qui résonne néanmoins comme un vœu pieu tant qu’aucune annonce claire sur la marche à suivre n’est donnée.
François de Rugy en a également profité pour rappeler à quel point la France a une riche biodiversité sur son territoire. Pour lui, cela s’explique notamment par l’abondance des écosystèmes ultramarins. Le ministre de la Transition écologique a également rappelé qu’il était essentiel que tous les acteurs respectent le Plan pour la biodiversité, annoncé à l’été 2018. Il a, de plus, annoncé la mise en place d’un réseau de surveillance de la biodiversité, composé de scientifiques français. Ceci a pour but d’aboutir à une meilleure coordination entre le monde scientifique et la sphère politique, en faveur de la préservation des intérêts environnementaux.
De la science à la finance, tous à mobiliser pour la biodiversité
De son côté, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, attend impatiemment le rapport final de l’IPBES, qui devrait être divulgué le 6 mai. Selon elle, c’est ce document qui donnera l’impulsion de l’action internationale. « Sans ce constat partagé, les décideurs du monde entier, les acteurs de la société civile et les scientifiques ne pourront pas engager d’action éclairée. Je souhaite donc que tous les gouvernements se saisissent pleinement du consensus scientifique qui leur sera présenté pour définir une feuille de route ambitieuse, articulée avec les engagements en faveur du climat » affirme-t-elle.
Tout aussi désireuse de voir aboutir la lutte pour la préservation de la biodiversité, Brune Poirson en appelle au monde de la finance. La secrétaire d’État rattachée au ministère de la Transition écologique a notamment voulu s’adresser aux banquiers. Pour elle, l’action conjuguée des scientifiques et des politiques aboutira seulement si ces acteurs participent également au changement. Encore une fois, l’intention est louable, mais aucune ambition concrète n’est affichée. Globalement, les ministres français attendent patiemment les grands rendez-vous. À commencer par le G7 environnement qui se tient à Metz les 5 et 6 mai.
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