Les industriels décident du mix énergétique en considérant la disponibilité physique des ressources d’énergie, la maturité technologique, la compétitivité des prix de marché et l’acceptabilité sociale. « Qu’on le veuille ou non aujourd’hui, c’est sur ces quatre critères que les acteurs de notre industrie, au plan mondial et en France, se prononcent », affirme Helle Kristoffersen, Directrice Stratégie et Intelligence économique de Total. « Sur la base de ces quatre critères, ce sont les grandes énergies historiques fossiles, le pétrole et le gaz, l’hydraulique et le nucléaire qui arrivent en tête sur la disponibilité, maturité et compétitivité », précise-t-elle. Du côté de l’acceptabilité sociale, les énergies renouvelables sont évidemment invitées à se développer.
Ainsi, Total estime que la part du charbon devrait diminuer, notamment à cause d’une acceptabilité sociale faible. En revanche, la part du gaz devrait augmenter. Le gaz serait promu à un fort développement pour le chauffage et l’électricité, car il émet moins de CO2 que le pétrole ou le charbon. Il constitue aussi un bon vecteur d’accompagnement des énergies renouvelables pour gérer l’intermittence. Il pourrait également prendre des parts de marché pour les véhicules et les transports maritimes.
Quel avenir pour le pétrole ?
Le pétrole reste la meilleure énergie pour la mobilité. Il y a encore énormément d’innovations possible pour les carburants, les lubrifiants, les voitures et les moteurs à combustion. « Nous n’avons pas fini de voir les usages du pétrole évoluer, y compris dans le cadre d’une transition énergétique », affirme Mme Kristoffersen.
Le pétrole représente 32 % du mix énergétique mondial. À l’horizon 2035, Total prévoit une part située entre 25 et 28 %. « Nous ne pourrons pas nous en passer de façon réaliste avant de nombreuses années », précise la Directrice Stratégie et Intelligence économique de Total.
La demande en pétrole est encore très dynamique et en hausse, tirée essentiellement par les pays émergeants. Selon l’Agence internationale de l’Energie, la demande devrait augmenter de plus de 1 % par an d’ici 2017. Pour le gaz, sur le même intervalle de temps, la hausse mondiale serait de 2,7 %. De son côté, la Chine devrait doubler sa demande.
Des énergies fossiles de plus en plus cher ?
S’il n’y a pas de pénurie sur l’offre, les barils deviennent de plus en plus technologiques et demandent des investissements supplémentaires. Sans aucun doute, les prix augmenteront. Pour Total, leur moyenne ne devrait toutefois pas trop évoluer dans les 10 prochaines années et rester aux alentours de 100 dollars.
Pour le gaz, les prix sont régionaux et resteront toujours très différents entre les gaz de schiste des Etats-Unis, les importations en Asie et les prix européens.
Les énergies fossiles sont soumises à de grands marchés mondiaux. Leur prix est fixé en dollars selon le mécanisme de l’offre et de la demande. L’Europe se retrouve donc face à des taux de change fluctuants, dans un contexte d’euro à la hausse par rapport au dollar. Cela n’aide pas à la baisse des prix.
Total représente 2,4 millions barils par jour. Sa production de pétrole et de gaz ne représentent qu’environ 1 % des productions mondiales. Le groupe insiste donc pour affirmer qu’il n’a aucune façon de faire levier sur prix des hydrocarbures.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique