Pour répondre à une demande d’électricité exponentielle, notamment alimentée par la croissance des centres de données et l’essor de l’intelligence artificielle (IA), les grands acteurs du numérique investissent massivement dans les technologies micronucléaires.
Microsoft a signé un contrat avec Constellation Energy pour remettre en service le réacteur n°1 de la centrale de Three Mile Island, en Pennsylvanie. Ce projet, qui s’inscrit dans un contrat de vingt ans, vise à s’assurer la production de 837 mégawatts d’électricité dès 2028. L’électricité servira à alimenter ses data centers et à accompagner la croissance fulgurante de ses besoins en IA.
Meta a également lancé un appel d’offres pour exploiter des technologies nucléaires. L’objectif : déployer entre 1 et 4 gigawatts (GW) d’électricité d’ici 2030. L’entreprise n’a pas précisé de manière détaillée la technologie nucléaire qu’elle envisage.
Google, Amazon et les petits réacteurs modulaires
De leur côté, Google et Amazon ont opté pour des partenariats avec des start-ups spécialisées dans les petits réacteurs modulaires ou SMR (small modular reactors). Grâce à leur dimension réduite et leur capacité d’implantation près des centres de données, ils offrent la promesse d’une production électrique décentralisée et mieux adaptée aux besoins locaux.
Google s’est associé à la start-up Kairos Power pour développer une série de SMR. L’objectif est de s’assurer jusqu’à 500 mégawatts d’ici 2035, en construisant ces réacteurs à proximité des centres de données.
Amazon a également annoncé un partenariat avec X-energy, une start-up pionnière dans le développement des SMR. Cette entreprise a levé 500 millions de dollars pour financer son déploiement, auquel Amazon participe activement. L’objectif : construire plusieurs réacteurs à proximité de ses centres de données d’ici 2039.
Oracle et le projet Stargate
Oracle, un autre géant des centres de données, a annoncé son propre projet : un gigantesque centre de données dédié à l’IA de plus d’un gigawatt. Il sera alimenté par trois réacteurs nucléaires modulaires.
Oracle est en plus impliqué dans le plan Stargate, lancé le 21 janvier 2025 par Donald Trump. Ce programme, soutenu par OpenAI et SoftBank, prévoit 500 milliards de dollars d’investissements d’ici 2029 pour développer des centres de données et des infrastructures énergétiques essentielles au déploiement de l’IA.
Vers une indépendance totale ?
Les géants du numérique ne veulent plus se reposer uniquement sur l’électricité du réseau. Face à une consommation qui augmente de 20 % par an – voire davantage avec l’expansion de l’IA –, ils cherchent à sécuriser leur approvisionnement électrique en contrôlant directement certaines infrastructures de production.
L’adoption des technologies micronucléaires leur permettrait une production d’énergie plus modulable, localisée et bas carbone, réduisant leur dépendance aux réseaux traditionnels et aux fluctuations des marchés de l’électricité.
Toutefois, cette tendance pose des questions de souveraineté énergétique et de régulation économique. Alors que ces entreprises aux moyens colossaux deviennent de véritables acteurs du système énergétique, les gouvernements devront rapidement adapter le cadre législatif pour éviter un déséquilibre où les intérêts privés primeraient sur les besoins collectifs.
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